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Rallye de Monte-Carlo de 1971
Rallye de Monte-Carlo de 1971
Une victoire attendue
Pour sa quatrième participation au Rallye Monte-Carlo, Alpine se classe aux trois premières places, un exploit qu’aucune écurie n’avait réalisé depuis Panhard en 1961.
Depuis la saison 1970, le Rallye de Monte-Carlo se déroule dans le cadre du Championnat International des Marques. Les rallyes internationaux étaient précédemment inscrits dans le Championnat Européen des Marques et, à partir de 1973, ils le seront dans le Championnat du Monde des Rallyes (WRC) tel que nous le connaissons aujourd’hui. Le Championnat de 1971 comporte 9 épreuves et le Rallye de Monte-Carlo est, comme c’est la tradition, la manche d’ouverture. Pour sa première victoire dans cette épreuve, l’équipe Alpine d’usine signe un remarquable exploit en occupant les trois places du podium et en amenant à l’arrivée cinq de ses six voitures engagées.
Au Monte Carlo de 1971, Ove Anderson remporte son premier grand rallye international. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Renault D.R. / Archives et Collections
Une organisation lourde
La 40e édition du Rallye de Monte-Carlo se déroule du 23 au 29 janvier 1971, avec en préliminaire un parcours de concentration et une épreuve spéciale de 38 km se terminant le 25 janvier. Viennent ensuite une épreuve commune les 26 et 27 janvier comprenant 20 étapes sur 1 516 km, dont 9 épreuves spéciales chronométrées sur 252 km. Une épreuve complémentaire les deux derniers jours se déroule ensuite sur 11 étapes d’une distance totale de 670 km et comprenant 7 épreuves spéciales sur 153 km. La liste des engagés comprend 248 concurrents et l’équipe officielle Alpine-Renault est venue en force avec six Berlinettes A 110 1600 S inscrites en Groupe IV (Classe 1). L’écurie Alpine d’usine compte un important service d’assistance composé de 8 camions Saviem et d’une équipe de 25 mécaniciens. Chaque voiture dispose de 240 pneumatiques permettant d’aborder toutes les conditions climatiques et les divers types de revêtements. Aux pilotes de course s’ajoutent les «ouvreurs» qui empruntent chaque spéciale une heure avant le départ et qui sont chargés de repérer le parcours. Toute cette organisation est orchestrée par Jacques Cheinisse, le directeur sportif d’Alpine et Jacques Féret le responsable du service Compétition de Renault.
Fait très rare en rallye, l’Alpine de Jean-Claude Andruet et la Porsche de Björn Waldegaard terminent l’épreuve à la 3e place ex æquo en 6h 32’ 45". © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Renault D.R. / Archives et Collections
Une Armada de Berlinettes
Pour le parcours de concentration, les concurrents ont le choix entre dix villes de départ : Alméria, Athènes, Bucarest, Francfort-Hanau, Glasgow, Marrakech, Monte-Carlo, Oslo, Reims et Varsovie. L’équipe Alpine-Renault choisit de partir de Marrakech car le bon état des routes espagnoles, mais surtout l’évitement de massifs enneigés va permettre de préserver les voitures ainsi que le stock de pneus. Les six équipages Alpine sont composés de Jean-Pierre Nicolas-Claude Roure (N° 2), Jean Vinatier-Maurice Gelin (N° 5), Jean-Luc Thérier-Marcel Callewaert (N° 9), Bernard Darniche-Claude Robertet (N° 12), Jean-Claude Andruet-Michel Vial (N° 22) et Ove Andersson-David Stone (N° 28). En plus de ces Alpine d’usine, deux autres A 110 «semi-officielles» sont engagées par Bob Neyret (N° 18) et Jean-Marie Jacquemin (N° 36). On compte également huit Berlinettes alignées par des privés, la mieux classée d’entre elles sera la N° 65 des Bulgares Ilia et Kolu Tchoubrikov qui terminera à une honorable 27e place au général.
David Stone (à gauche) et Ove Andersson savourent leur victoire. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Renault D.R. / Archives et Collections
Un sans-faute pour Alpine
Dès la première spéciale chronométrée, Ove Andersson prend la tête du classement général et ne la laissera à Thérier qu’à deux reprises, après les 5e et 6e spéciales. Le Suédois ne remporte «que» cinq des dix-sept spéciales, mais sa grande régularité en course lui assurera la victoire. Certes les performantes Porsche 911 S officielles sont absentes, mais la concurrence n’en est pas moins rude. Ainsi la Porsche 914/6 de Valdegaard et les deux Lancia Fulvia HF de Munari et Lampinen s’adjugent chacune trois victoires scratch, tandis que chez Alpine, Andruet s’impose à deux reprises. Andersson remporte cette édition du Monte-Carlo 1971 en 6h 30’ 54", suivi comme son ombre par Thérier à 40", puis d’Andruet et Valdegaard dans le même temps (fait unique dans les annales de ce Rallye) à 1’ 51". Les Alpine N° 12 et N° 15 finissent aux 8e et 9e places à 10’ 21" et 14’ 12" du vainqueur et la N° 2, qui n’a pas terminé l’épreuve complémentaire, se classe 29e à 14h 13’ 9". L’impact de ce triplé Alpine aura une répercution positive sur les ventes des Berlinettes de série, car comme pour les 24 Heures du Mans, un succès au Rallye Monte-Carlo assure toujours des retombées commerciales à la marque victorieuse. Dans ce sens, Jean Rédélé, le patron d’Alpine, réalisera un bel exercice de communication en faisant reproduire plusieurs répliques rigoureusement identiques à la voiture N° 28 victorieuse afin de les exposer dans les salons automobiles du monde entier.
Pour aller plus loin...
Jacques Cheinisse
Ce Normand né en 1934 est l'un des principaux artisans de la renommée d'Alpine en compétition internationale. Diplômé de "Math élems", il entre chez Alpine en 1963, au service des relations clients, tout en étant ponctuellement pilote d'usine (Rallye et Endurance). En 1968, il devient Directeur sportif d'Alpine et entre au directoire de l'entreprise ce qui l'oblige à mettre un terme à sa carrière sportive. Jusque fin 1975, il permet à Alpine de remporter de nombreux titres en championnat d'Europe et du Monde, en Rallye, en monoplace ainsi qu'en Sport Prototypes. Nommé Chef de produit chez Renault en 1976, puis Directeur du Département moyennes et hautes gammes en 1984, il quitte l'entreprise en 1997 pour fonder son cabinet de consultant automobile.
Marcel Callewaert et Jean-Luc Thérier sont félicités par le patron d'Alpine Jean Rédélé (en costume gris) pour leur 2e place. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Renault D.R. / Archives et Collections
Le Championnat 1971
Dès la première spéciale chronométrée, Ove Andersson prend la tête du classement général et ne la laissera à Thérier qu’à deux reprises, après les 5e et 6e spéciales. Le Suédois ne remporte «que» cinq des dix-sept spéciales, mais sa grande régularité en course lui assurera la victoire. Certes les performantes Porsche 911 S officielles sont absentes, mais la concurrence n’en est pas moins rude. Ainsi la Porsche 914/6 de Valdegaard et les deux Lancia Fulvia HF de Munari et Lampinen s’adjugent chacune trois victoires scratch, tandis que chez Alpine, Andruet s’impose à deux reprises. Andersson remporte cette édition du Monte-Carlo 1971 en 6h 30’ 54", suivi comme son ombre par Thérier à 40", puis d’Andruet et Valdegaard dans le même temps (fait unique dans les annales de ce Rallye) à 1’ 51". Les Alpine N° 12 et N° 15 finissent aux 8e et 9e places à 10’ 21" et 14’ 12" du vainqueur et la N° 2, qui n’a pas terminé l’épreuve complémentaire, se classe 29e à 14h 13’ 9". L’impact de ce triplé Alpine aura une répercution positive sur les ventes des Berlinettes de série, car comme pour les 24 Heures du Mans, un succès au Rallye Monte-Carlo assure toujours des retombées commerciales à la marque victorieuse. Dans ce sens, Jean Rédélé, le patron d’Alpine, réalisera un bel exercice de communication en faisant reproduire plusieurs répliques rigoureusement identiques à la voiture N° 28 victorieuse afin de les exposer dans les salons automobiles du monde entier.
En 1971, après le Monte-Carlo, le pilote suédois Ove Andersson remporte trois autres rallyes sur Alpine. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Renault D.R. / Archives et Collections
La Berlinette victorieuse
La voiture qui occupe les trois premières places au classement du Rallye de Monte Carlo de 1971 est la Berlinette Alpine A110 1600 S. Ce modèle présenté au Salon de Genève en mars 1967 et qui terminera sa carrière officielle en 1973 est considéré comme le plus homogène et le plus performant de toute la gamme Alpine A 110. Son châssis poutre complété par une ossature tubulaire est habillé d'une carrosserie en Polyester et fibre de verre. Il est doté du quatre cylindres en ligne type R 807 de 1 596 cm3 (alésage x course : 77,8 x 84 mm) issu de la Renault 16 TS de série. Ce moteur construit en aluminium (bloc et culasse) affiche une puissance de 155 ch à 7 000 tr/min et un couple maxi de 17,2 mkg à 3 500 tr/min lui autorisant une vitesse maxi de 225 km/h.
Les Alpine d'usine (ici Jean-Claude Andruet) choisissent le parcours de concentration au départ de Marrakech, le 23 janvier à 0h00. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Renault D.R. / Archives et Collections
Une épreuve de légende
Le Rallye de Monte-Carlo, créé en 1911, est la principale épreuve française inscrite au Championnat du Monde. À l'instar des 24 Heures du Mans, une victoire remportée au Monte-Carlo équivalait à un titre mondial du point de vue de la notoriété et des retombées commerciales. Dans les éditions d'après-guerre, la course proprement dite, qui se compose d'une trentaine d'épreuves spéciales chronométrées, est précédée des fameux "parcours de concentrations". Il s'agissait pour les concurrents de rejoindre Monaco depuis les quatre coins de l'Europe en empruntant des itinéraires établis sur routes ouvertes. Ceux qui parvenaient au terme de cette première étape éprouvante devaient ensuite affronter les routes de montagne surplombant la Principauté de Monaco.
L'Alpine A 110 1600S N° 22 de Jean-Claude Andruet et Michel Vial termine 3e au classement général. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Renault D.R. / Archives et Collections
Ove Andersson
Le vainqueur du Monte-Carlo 1971 est un Suédois, né le 3 janvier 1938 à Uppsala, qui se révèlera comme l’un des grands Rallymen scandinaves des années soixante-dix. Il se fait remarquer en terminant 2e au Rallye de Monte-Carlo de 1967 sur Lancia et en remportant le Rallye d’Espagne cette même année. En 1971, il gagne quatre rallyes sur Alpine 1600 S : Monte-Carlo, Acropole, San Remo et Autriche et est l’un des artisans du sacre d’Alpine en Championnat du Monde en 1973. L’année suivante, il court sur Toyota et Peugeot (Safari Rally). En 1980, Andersson met un terme à sa carrière de pilote pour prendre la direction sportive du Toyota Team Europe en Rallye, puis en Endurance en 1997 et la Formule 1 en 2002. Ove Andersson est décédé le 11 juin 2008 à Oudtshoorn en Afrique du Sud où il résidait.
Classement général
1er : Ove Andersson - David Stone (Alpine A 110 1600 S)
2e : Jean-Luc Thérier - Marcel Callewaert (Alpine A 110 1600 S)
3e : Jean-Claude Andruet - Michel Vial (Alpine A 110 1600 S)
3e Ex-aequo : Björn Valdegaard - Mats Thorzselius (Porsche 914/6)
5e : Rauno Aaltonen - Paul Easter (Datsun 240 Z)
6e : Simo Lampinen - John Davenport (Lancia Fulvia 1600 HF)
7e : Häkan Lindberg - Solve Andreasson (Fiat 124 Spider)
8e : Bernard Darniche - Claude Robertet (Alpine A 110 1600 S)
9e : Jean Vinatier - Maurice Gelin (Alpine A 110 1600 S)