Alfa Romeo

Rédaction : Albert Lallement  

La marque au «Quadrifoglio Verde»

Créée en 1910, quatre ans après sa concurrente Lancia, Alfa Romeo a bâti sa réputation en course. Tout au long de son histoire, sa gamme a en effet été marquée par une image sportive forte quand Lancia privilégiait le raffinement et la technique d’avant-garde.

Les deux marques Alfa Romeo et Lancia ont en commun d’avoir été rachetées par Fiat respectivement en 1986 et 1969. Mais mise à part leur origine géographique proche, dans le nord de l’Italie, ces deux constructeurs ont toujours eu une approche stratégique différente. Celle d’Alfa Romeo étant caractérisée dès ses débuts, à l’instar de Porsche, par son expérience de la compétition directement adaptée à la production de série. Le slogan «Gagner le dimanche, vendre le lundi...», s’appliquait parfaitement à cette marque qui a quelquefois dû sa survie au sport automobile.

L’Alfa Romeo Giulietta Sprint, ici une version de 1959, a été carrossée par les plus grand stylistes comme Bertone, Zagato ou Pininfarina.© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Alfa Romeo est certainement l’un des constructeurs qui a le plus contribué au développement des voitures rapides, confortables et sûres telles que celles qui sont produites de nos jours. Cela vient du fait que la recherche technique a toujours été associée aux engagements sportifs de la marque milanaise. Chez Alfa Romeo, l’ingénieur et le pilote ont toujours constitué un duo efficace au service des performances, mais aussi de la sécurité. Parmi les collaborateurs d’Alfa, on retrouve régulièrement les ingénieurs les plus novateurs du moment, à commencer par le motoriste Vittorio Jano qui y arrive dès 1923, bientôt assisté par Gioacchino Colombo en 1937, puis Giuseppe Busso deux ans plus tard. Ces trois ingénieurs de talent vont ainsi constituer le fer de lance technique d’Alfa Romeo avant-guerre et seront ensuite tous débauchés par Ferrari. Le «Commendatore» savait particulièrement bien s’entourer...

Deux Alfa Romeo au départ du “Marathon de la route” Liège–Rome–Liège de 1937 : à gauche, la 6C 2300 Coupé Pinin Farina de Willy Toussaint et Felice Bonetto et à droite le cabriolet 8C 2300 Monza Lungo de Hugo Dreyer et Max Hahn.© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Des origines françaises

En 1906, le constructeur de Suresnes Alexandre Darracq fonde une filiale italienne à Naples, la «Società Italiana Automobili Darracq». L’usine est ensuite transférée à Portello près de Milan et en 1910 l’entreprise est revendue à des investisseurs italiens qui rebaptisent l’entreprise ALFA, pour société  «Anonima Lombarda Fabbrica Automobili». En 1915, ALFA est mise en liquidation et un ingénieur napolitain, Nicola Romeo la reprend pour l’intégrer à sa société «Ing. Nicola Romeo & C». En 1918, la société anonyme «Italiana Nicola Romeo & C.» est créée officiellement, dont le nom est simplifiée en Alfa Romeo. L’année suivante, le nouveau constructeur développe sa propre gamme sous la tutelle des ingénieurs maison Ugo Stella et Giuseppe Merosi. Malgré la réussite de modèles tels que la gamme 6C et 8C, Alfa Romeo connait des revers commerciaux et en 1933, comme beaucoup d’entreprises qui ont reçu l’aide de l’État, elle est nationalisée par l’IRI (Istituto per la Ricostruzione Italiana) qui confie sa direction générale à Ugo Gobbato. L’activité de la firme milanaise est alors recentrée sur des productions militaires et utilitaires. La décennie qui suit la guerre est particulièrement prolifique pour Alfa Romeo qui retrouve le domaine automobile avec des modèles majeurs comme la 1900 de 1950 et la Giulietta de 1954. Cette réussite se poursuit avec la Giulia de 1962, puis l’Alfetta de 1972. Les années 1980 sont ensuite marquées par les modèles 33, 75 et 164. La marque Alfa Romeo est rachetée par Fiat en 1986, puis est intégrée au Groupe Fiat Chrysler en 2014 et fait partie du Groupe Stellantis depuis 2021.

Avec plus d’un million d’exemplaires produits de 1972 à 1984, l’Alfasud dessinée par Giorgetto Giugiaro (Italdesign) reste le plus beau succès commercial d’Alfa Romeo. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Alfa Corse 

Dès ses débuts, Alfa Romeo réussit des exploits en course, avec notamment une victoire magistrale de Giuseppe Campari au Grand Prix de Mugello de 1920 avec sa monoplace type 40/60 HP. Au cours de la décennie suivante, les Alfa s’imposent dans les Grands Prix européens avec des pilotes tels qu’Antonio Ascari (le père d’Alberto), Achille Varzi, Rudolf Caracciola ou encore Tazio Nuvolari. Parallèlement, les Alfa Romeo 8C 2300 remportent les 24 Heures du Mans de 1931 à 1934. L’écurie d’usine Alfa Corse est créée en 1938 avec pour objectif de concurrencer les bolides allemands alignés par Mercedes-Benz et Auto-Union. L’année suivante, Enzo Ferrari qui dirigeait le service course d’Alfa Romeo s’en va, car la marque milanaise lui interdit de construire des voitures pour la Scuderia Ferrari au motif, compréhensible, de la non-concurrence. La première victoire de premier plan d’Alfa Corse est signée par Clemente Biondetti aux Mille Miglia de 1938 avec sa 8C 2900B spéciale. Après les deux titres de champion du monde de Formule 1 remportés par Giuseppe Farina en 1950 et Juan Manuel Fangio en 1951 au volant des Alfetta Tipo 158/159, puis le titre de champion du monde des voitures de sport en 1953 avec l’Alfa Romeo 6S 3000, l’écurie Alfa Corse se retire officiellement de la compétition. En 1966, Carlo Chiti incite Alfa Romeo à revenir en course en rachetant Autodelta qui devient le nouveau «Reparto Corse» (Département de Course) d’Alfa Romeo. La marque milanaise retrouve le chemin du succès en remportant le championnat du monde des marques en 1975 (Alfa 33 TT) et celui des voitures de sport en 1979 (Alfa 33SC). Cette même année, Alfa Romeo revient en Formule 1, mais faute de résultats probants, elle se retire en 1985. Traditionnellement, les voitures de course engagées par Alfa Romeo reçoivent un trèfle vert à quatre feuilles, le fameux «Quadrifoglio Verde» sur un triangle blanc. L’origine de cette décoration remonte à la victoire du pilote Ugo Sivocci à la Targa Florio de 1923 au volant de sa RL Super Sport sur laquelle il avait apposé ce dessin pour lui porter chance. Par la suite, ce sigle sera également adopté pour certains modèles de série particulièrement sportifs comme la Giulia Sprint GT Veloce ou l’Alfasud Sprint. 

La Montréal de 1969 permit à Alfa Romeo de renouer avec la catégorie des sportives haut de gamme qu’elle avait délaissée après les coupés et spider 2600. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Le magazine sportif argentin “El Gráfico” célèbre le titre de Champion du Monde de son compatriote Juan Manuel Fangio (ici avec Alberto Ascari) en 1951 sur l’Alfetta 159. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Des avions et des camions aussi !

Comme beaucoup de constructeurs automobiles européens qui ont débuté au début du siècle dernier, Alfa Romeo diversifie très tôt sa production dans des secteurs d’activité comme les véhicules industriels et même l’aviation. Dès 1910, les ingénieurs Nino Franchini et Antonio Santoni montent un moteur Alfa de 24 ch sur leur biplan expérimental. Au début des années 1930, Alfa Romeo produit régulièrement des moteurs destinés à l’aviation militaire et civile et en 1941, la branche Alfa Romeo Avio est créée. Cette entreprise fusionne ensuite avec Aeritalia en 1988, puis est rachetée par Fiat Aviazione en 1996, avant d’être intégrée au Groupe Finmeccanica en 2004. La branche poids lourd est quant à elle lancée en 1930 sous le nom Alfa Romeo Veicoli Industriali. La production de camions cesse après la fusion avec le Groupe Fiat V.I. en 1967, tandis que des camionnettes, des autobus et des trolleys sont produits sous l’appellation Alfa Romeo V.I. jusque dans les années 1980 et le rachat de la marque par Fiat.

La plus belle de toutes

Parmi les modèles de série d’après-guerre produits par Alfa Romeo, la Montreal de 1968 est généralement considérée comme son chef-d’œuvre. Marcello Gandini, le chef designer de la Carrozzeria Bertone, qui a créé de ses lignes, a trouvé un équilibre subtil entre le design des années 60 et le futurisme de la décennie suivante. Pour l’Exposition Universelle de 1967 qui se tient à Montréal, au Canada, le constructeur Alfa Romeo a l’honneur de présenter “L’Automobile de Rêve” au sein du pavillon où sont présentées les réalisations techniques majeures de l’homme moderne. Les deux prototypes “Alfa Romeo Montreal Expo” exposés ont été conçus sur la base du châssis et de la mécanique du coupé Giulia Sprint GT Bertone. L’Alfa Romeo Montreal devait initialement rester à l’état de concept, mais devant le succès rencontré auprès des millions de visiteurs qui sont venus l’admirer, elle va finalement être construite en petite série. La version commerciale est présentée au Salon de Genève de 1969 et pas moins de 3 925 exemplaires en seront ensuite construits jusqu’en 1977.

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