Fiat

Rédaction : Albert Lallement  

Une saga industrielle

Depuis sa création il y a 125 ans, Fiat est la plus grande entreprise d’Italie. Cette aventure industrielle et sociale est exemplaire et, en 2021, elle a rejoint Stellantis, l’un des plus puissants groupes automobile mondial.

Fiat se distingue des autres constructeurs automobiles de son époque par les origines de sa création. Dans l’Italie nouvellement unifiée de la fin du 19e siècle, il existe des esprits éclairés qui ont compris que le sous-développement industriel de leur pays par rapport à d’autres nations européennes pouvait freiner son indépendance économique et par conséquence politique. Un ingénieur visionnaire, Giovanni Agnelli, va réussir à fédérer des hommes de bonne volonté pour créer une marque automobile résolument populaire. 

Avec 11 millions d’exemplaires vendus entre 1983 et 1995, la petite berline Uno est le plus gros succès commercial de toute l’histoire de Fiat. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Dans l’Italie de l’époque, il n’y a en effet pas de firmes comparables à Peugeot en France ou Benz en Allemagne, ni un nombre suffisant d’ingénieurs de haut niveau ou encore d’inventeurs capables de matérialiser leur projet en matière de transport moderne. C’est dans ce contexte que le 1er juillet 1899, Giovanni Agnelli réunit trente personnes influentes de la finance, l’ingénierie et l’entreprenariat au Palazzo Bricherasio de Turin pour fonder la Società Anonima Fabbrica Italiana Automobili Torino. Parmi les actionnaires, on compte de futures grandes figures de l’automobile italienne, tels que les industriel Giovanni Battista Ceirano et Virginio Tedeschi, les pilotes Felice Bazzaro et Vincenzo Lancia, ou encore Joseph Farina, le père du designer Gian-Battista Pinin Farina. Que du beau monde... 

La Fiat 131 Abarth de Groupe 4 a remporté trois fois le Championnat du Monde des Rallyes. Ici Markku Alén et Ilkka Kivimärki qui se classent 3e au rallye de Monte Carlo de 1979. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

L’automobile pour tous

Dès ses débuts, l’ambition de Fiat est de devenir une entreprise d’importance nationale pouvant produire rapidement des automobiles pour le plus grand nombre. Agnelli sait que pour réussir ce pari, il doit renoncer à des techniques innovantes qui feraient perdre du temps et de l’argent en étant développées en interne. Ainsi, la première Fiat 3.5 HP qui sort en 1899 dérive d’un modèle déjà produit par l’entreprise Ceirano. Le premier modèle de grande série est la Type Zero 12/15 HP de 1912 dont le coût est particulièrement bas grâce aux méthodes de production inspirées du fordisme. La première véritable voiture populaire est la 509 de 1921 qui est la première Fiat à remporter le rallye de Monte Carlo. Elle est suivie avant-guerre dans cette gamme par la 508 Balilla de 1931 et surtout de la 500 Topolino de 1936. Avec l’arrivée de Gianni Agnelli, petit-fils du fondateur, aux commandes de l’entreprise en 1966, les voitures Fiat possèdent des appellations sur la base du chiffre 100, à commencer par la 124. Elle sera suivie de modèles très populaires tels que la 128 de 1969, la 127 de 1971 et la 131 de 1974. C’est avec la Ritmo de 1978 que les modèles Fiat adoptent désormais des noms communs : Panda, Punto, Uno, Chroma... Très tôt, Fiat s’est investi dans d’autres domaines que l’automobile comme les véhicules utilitaires en 1899, les poids lourds (Fiat VI) en 1907, l’aviation en 1918, le matériel ferroviaire en 1922 ou encore militaire en 1937.

La Fiat 500 est emblématique de la voiture populaire familiale bien née et au bon moment. Plus de 80 ans après son lancement elle demeure l’un des grands modèles classiques de la firme de Turin. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

La Scuderia Fiat Corse 

Comme beaucoup de constructeurs présents au début du siècle dernier, Fiat se lance en compétition lorsque les premières grandes épreuves sont organisées. Elle engage les meilleurs pilotes du moment et dès 1907, Felice Nazzaro remporte le Grand Prix de l’ACF avec sa Fiat 130 HP Corsa, puis la Targa Florio devant Vincenzo Lancia également sur Fiat. Au lendemain de la guerre, Fiat remporte à nouveau la Targa Florio en 1919, puis s’engage en Grand Prix avec des victoires de Felice Nazzaro au GP de l’ACF et de Pietro Bordino au GP d’Italie en 1922 au volant de leur Fiat 804. Le 12 juillet 1924, la Fiat Mefistofele à 6 cylindres de 22 litres bat le record mondial de vitesse sur la route d’Orléans, à 234,97 km/h, pilotée par Ernest Eldridge. L’aventure de Fiat en Grand Prix s’achève en 1927 avec un dernier succès de Bordino au GP de Milan. À partir des années 1950, si des Fiat sont régulièrement engagées en rallye, elles le sont toujours à titre privé. Fiat effectue son retour officiel en 1972 avec la 124 Spider Abarth qui remporte le Rallye de l’Acropole et le titre de Champion d’Europe. Très régulièrement classé, Fiat termine ensuite 2e du Championnat du Monde des Rallyes de 1973 à 1975. À partir de 1976, Fiat aligne avec succès sa 131 Abarth Rally de Groupe 4. Cette voiture permet à Fiat de remporter le Championnat du Monde Constructeurs en 1977, 1978 et 1980, tandis que Markku Alén et Walter Röhrl remportent celui des pilotes respectivement en 1978 et 1980. Deux ans plus tard, c’est la Lancia 037 Rally de Groupe B qui défend les couleurs du Groupe Fiat en compétition. 

Lancée en 1966, avec l’arrivée de Gianni Agnelli, la berline 124 sera produite sous licence dans de nombreux pays aussi différents que l’URSS, la Corée du Sud, le Maroc ou la Turquie. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

La chaîne de montage de la Fiat 500 Topolino, au lendemain de la guerre, dans l’usine historique de Mirafiori dans la banlieue sud de Turin. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Modèle emblématique

Au lendemain du second conflit mondial, la situation économique de l’Europe qui se relève lentement de ses ruines, impose aux différents constructeurs de concevoir des petites voitures qui ne coûtent pas cher à fabriquer et pouvant être proposées à un prix abordable pour une majorité de la classe populaire. À l’instar de la Morris Minor anglaise ou de la Renault 4 CV française, la marque italienne Fiat planche sur une remplaçante de sa 500 Topolino qui datait des années trente. Elle va ainsi lancer coup sur coup les modèles 600 en 1955 et Nuova 500 en 1957, deux véhicules qui vont devenir des icônes du boom économique d’après-guerre et de la marque turinoise. Ces deux voitures seront produites respectivement  à 4,93 millions d’exemplaires jusqu’en 1969 et 4,25 millions d’exemplaires jusqu’en 1975. La 500 a tellement marqué l’imagerie populaire qu’elle a été relancée en 2007 dans la vague du néo-rétro. Avec 2,5 millions d’exemplaires construits en 2024, elle suit vaillamment les traces de son aînée.

Le site de Mirafiori

La première usine historique de Fiat est celle de Corso Dante, construite 1900 au cœur de Turin. En 1922, les chaînes d’assemblage sont transférées dans l’usine Lingotto, construite en 1916 dans la banlieue sud de Turin. Cette dernière reste fonctionnelle jusqu’en 1982, le dernier modèle y étant fabriqué est la Lancia Delta. En 1939, se sentant un peu à l’étroit dans ses locaux du centre--ville, Fiat inaugure la nouvelle usine de Mirafiori. Bombardée durant la guerre, elle est reconstruite et devient progressivement une véritable ville dans la ville, où travaillent 20 000 employés en 1950. Vingt ans plus tard, le personnel s’élève à 50 000 personnes et la surface du site atteint 2 km2. Les modèles les plus   importants de la marque y seront construits comme les Fiat 124, 127 et 131, cette dernière recevant le suffixe Mirafiori pour l’une de ses versions. Depuis 2016, le SUV Maserati Levante y est construit, rejoint en 2020 par la Fiat 500 électrique qui emploie 1 200 ouvriers.

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