Lancia Appia

Rédaction : Albert Lallement  

La petite sœur de l'Aurelia

Cette berline lancée en 1953 possède tout le raffinement esthétique et les qualités techniques qui font la réputation de Lancia à cette époque.

Née trois ans après l'Aurelia B10, la Lancia Appia possède une ressemblance frappante avec cette dernière. Cette petite berline compacte et luxueuse a d'ailleurs parfois eu du mal à s'affirmer dans l'ombre de son aînée. Comme beaucoup de constructeurs au lendemain de la guerre, Lancia a repris des modèles dont la carrière a été écourtée par le conflit mondial et à l'instar de l'Aurelia qui a succédé à l'Aprilia, l'Appia est chargée de remplacer l'Ardea apparue en 1939.

À partir de 1956, Lancia confie la réalisation des carrosseries spéciales Appia à des artisans indé-pendants, comme ici Pinin Farina qui a produit une petite série de coupés sportifs. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Les années 50 sont une période d'effervescence inédite pour les constructeurs automobiles qui cherchent à relancer leur outil de production. L’enjeu économique est considérable, que ce soit pour les modèles de prestige comme pour les voitures populaires qui prennent une place de plus en plus importante dans la vie quotidienne. L’automobile est en effet alors vue comme une véritable émancipation, une liberté ainsi que le symbole d’une réussite sociale. C'est dans cet état d'esprit qu'au printemps 1953 Lancia se décide à lancer une auto en remplacement de l’Ardea.

Sur ce catalogue du premier millésime de 1953, la Lancia Appia se présente comme une berline compacte familiale dont les lignes sont très proches de celle de l'Aurelia B10. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Entrée de gamme

Ce nouveau modèle, baptisé Appia, est présenté au 35e Salon International de l'Automobile de Turin, en avril 1953. Il entre en concurrence avec l'Austin A40, la Fiat 1100-103, la Peugeot 203, la Simca Aronde, l'Opel Olympia Rekord ou encore la Ford Consul dans la gamme des berlines compactes. Gianni Lancia, qui a repris la direction de l'entreprise en 1937, à la mort de Vincenzo, le fondateur de la marque, a décidé d'accorder la priorité au lancement de l'Aurelia en 1950. Mais parallèlement, il a mis en chantier les études techniques pour remplacer l'Ardea. Son souhait est de maintenir un modèle d'entrée de gamme et de seconder l'Aurelia dans le catalogue de la marque turinoise. Toutefois, chez Lancia, entrée de gamme ne veut pas dire bas de gamme, loin de là. La petite Appia se distingue en effet par ces innovations technologiques chères à Lancia et qui restent tout à fait inhabituelles à l’époque pour une auto à vocation populaire. Ne pouvant pas rivaliser avec le géant Fiat en termes de volume de production, et donc de prix de vente, Lancia a clairement mis en avant une sophistication à laquelle la clientèle est devenue sensible.

La deuxième génération de l'Appia, lancée en 1956, possède un arrière saillant qui lui confère une allure plus moderne que la précédente. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © © Lancia D.R.

Une petite Aurelia

Cette berline plutôt luxueuse, très agile et proche de l’Aurelia B10 par son style, est d'emblée accueillie favorablement. Elle connaît ensuite une carrière longue de dix ans au cours de laquelle plus de 109 430 exemplaires, toutes versions confondues, sont construits, tandis que de nombreuses évolutions sont présentées. Durant cette période, Lancia propose également son ingénieux châssis comme plate-forme nue à des carrossiers italiens de premier plan tels que Pinin Farina, Vignale, Allemano ou Zagato qui proposeront des déclinaisons aussi sportives qu'élégantes. L'Appia de base est dotée d’une structure autoportante rigide et allégée, de roues avant indépendantes, de suspensions télescopiques et d'un moteur à 4 cylindres en V particulièrement étroit (10°) doté d'une culasse en aluminium. La majeure partie des progrès techniques du moteur est l'œuvre de Vittorio Jano, un ingénieur prolifique et talentueux auquel Lancia devait de nombreux succès sportifs. Sa carrosserie, qui offre un habitacle très spacieux, reste fidèle aux portières opposées sans montant central. La rigidité de l'ensemble est renforcée par de massifs montants de pavillon et un tunnel de transmission de grande taille.

La troisième série d'Appia, qui se distingue par sa calandre horizontale, conserve les caractéristiques portières opposées sans montant central. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Second souffle

En mars 1956, la deuxième génération de l'Appia est dévoilée au Salon de Genève. Sa carrosserie tricorps est plus moderne, mais possède une personnalité moins affirmée qui tranche avec celle de la version précédente, au point qu'elle pourrait presque passer pour un nouveau modèle. L'empattement a été allongé de 3 cm et le moteur, qui possède une nouvelle culasse et un nouveau carburateur Solex 32 PBIC, voit sa puissance passer à 43,5 ch. Cette Appia 2, conçue par le Professeur Antonio Fessia qui venait de prendre la direction technique de Lancia, se révèle bientôt comme la plus brillante et la plus luxueuse de toutes les berlines 1 100 du marché européen du moment. Trois ans plus tard, toujours au Salon de Genève, la troisième et dernière évolution de la Lancia Appia voit le jour. Elle se distingue immédiatement par sa calandre horizontale empruntée à la Flaminia qui remplace celle en forme d'écu arborée jusque-là. Le moteur développe maintenant 48 ch à 4 900 tr/mn pour un couple maxi de 8,7 mkg à 3 000 tr/mn. La dernière Appia quitte les chaînes de l'usine Lancia Borgo San Paolo à Turin le 27 avril 1963, laissant la place à la nouvelle Fulvia.

Avec l'Appia, Lancia a réussi le pari d'opérer une percée significative dans la gamme des petites automobiles à vocation populaire. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Fiche technique

Lancia Appia C10 (1953)

• Moteur : type C10, 4 cylindres en V à 10° 14', longitudinal avant

• Cylindrée : 1 089,51 cm3

• Alésage x course : 68 mm x 75 mm

• Puissance : 38 ch à 3 800 tr/mn

• Alimentation : carburateur vertical inversé Solex 30 BI

• Allumage : Bobine Marelli B17A et distributeur Marelli S54C

• Distribution : 2 arbres à cames latéraux, 2 soupapes en V à 67° par cylindre

• Transmission : aux roues arrière, boîte à 4 rapports + M.A.

• Pneumatiques : 5,60 x 15 (avant et arrière)

• Freins : tambours (avant et arrière), à commande hydraulique 

• Longueur : 386,5 cm

• Largeur : 142 cm

• Hauteur : 142,2 cm

• Empattement : 248 cm

• Voie avant : 117,8 cm

• Voie arrière : 118,2 cm

• Poids (à vide) : 820 kg

• Vitesse maximale : 120 km/h

La Lancia Appia en course

Le modèle qui est à l’origine de la Flaminia est une étude basée sur un châssis d’Aurelia type B56. Elle a été réalisée par la Carrozzeria Pinin Farina, une entreprise de Turin dans laquelle Lancia avait des parts à l’époque. Un premier prototype dénommé Florida I est construit à quatre exemplaires (trois berlines et un coupé) à partir d’avril 1955 sous la direction de Franco Martinengo et est présenté au Salon de Turin à l’automne suivant. Cette voiture est équipée d’un V6 de 2,3 Litres et dispose de lignes avant-gardistes comprenant des portières sans montants et des phares logés dans la calandre. Le prototype Florida II est un coupé construit à un seul exemplaire qui est présenté au Salon de Turin 1957, peu après le lancement de la berline Flaminia de série. Le style très angulaire de ce coupé, qui sera la voiture personnelle préférée de Battista Farina pendant de nombreuses années, préfigure le design automobile international de la décennie suivante. 

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