Lancia Flaminia

Rédaction : Albert Lallement  

Le luxe à l’italienne

Lancée en 1957, la Flaminia est le premier modèle produit par Lancia après son rachat par Carlo Pesenti en 1955. Elle est alors présentée comme la plus luxueuse berline italienne de l’époque.

L‘arrivée de la Flaminia correspond au début d’une nouvelle période pour la marque Lancia qui avait déjà un demi-siècle d’existence. L’une des premières initiatives de Pesenti est de lancer un modèle chargé de succéder à la berline Aurelia B12 de deuxième série (1954), dont les lignes commencent déjà à vieillir. La plupart des caractéristiques innovantes du châssis de l’Aurelia, tout comme le moteur V6 et la boîte-pont, seront reprises sur la Flaminia.

La Flaminia, ici un coupé signé Pininfarina, se distingue par un dessin de carrosserie aussi harmonieux qu’élégant. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

L’année 1955 marque une étape importante dans l’histoire du constructeur. Gianni Lancia, le fils du fondateur Vincenzo, a en effet cédé ses parts de Lancia & Cia à Carlo Pesenti, le dirigeant du groupe Italcementi qui venait par ailleurs de réaliser l’immeuble du nouveau siège social à Turin. Cette année-là voit aussi l’arrivée d’Antonio Fessia à la direction technique, tandis que le service compétition est démantelé après le tragique accident de son pilote Alberto Ascari lors d’essais le 26 mai à Monza. 

Sur la berline de présérie présentée en 1956, on trouve encore les portières arrière dites “suicide”, s’ouvrant en sens inverse, qui disparaitront sur la version définitive. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Modèle du changement

La rupture avec la période durant laquelle la famille Lancia était à la tête de l’entreprise depuis 1905 se traduit également par l’adoption d’un sigle modernisé arboré sur la calandre du nouveau modèle ainsi qu’un changement dans l’appellation de celui-ci. Depuis plusieurs décennies, la tradition chez Lancia voulait, à de rares exceptions près, que le nom des voitures commence par un «A» : Appia, Ardea, Aurelia. Désormais, si l’appellation continue à s’inspirer des voies romaines de l’Antiquité, Lancia inaugure une série de modèles commençant par un «F» qui marqueront les années 1960. À commencer par la nouvelle Flaminia, à laquelle succéderont les fameuses Flavia, puis Fulvia. Basée sur le premier prototype Florida étudié par Pinin Farina en 1955, la Flaminia est réalisée en à peine dix-huit mois sous l’égide du nouveau Directeur technique, l’Ingegnere Antonio Fessia. Le modèle de présérie est exposé au Salon de Turin de 1956 et la version définitive est dévoilée lors du Salon de Genève en mars 1957. Pour certains journalistes de l’époque, la Flaminia est une Aurelia «rhabillée» dans l’urgence dans un contexte économique difficile pour le constructeur turinois. Malgré ces critiques, on ne peut que louer l’équilibre et l’harmonie des lignes de la dernière-née de Lancia. La Flaminia s’affirme de fait comme la plus grande et plus luxueuse berline italienne de l’époque qui bénéficie, tradition oblige chez Lancia, d’une remarquable qualité de construction.

La calandre de la berline Flaminia marque une certaine ressemblance avec celle de la Peugeot 404, également dessinée par Pinin Farina à la même époque.© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © © Lancia D.R.

Des carrossiers prestigieux

La commercialisation de la Flaminia débute en mai 1957, d’abord uniquement en version berline à quatre portes dessinée par Pinin Farina. À partir de 1959, la gamme Flaminia se diversifie de façon importante avec l’arrivée de trois des meilleurs designers italiens qui se penchent sur ce modèle pour produire des versions Coupé et Cabriolet haut de gamme. L’idée commune à ces carrossiers est de raccourcir l’empattement et d’augmenter la puissance. Battista Pinin Farina conçoit un coupé sportif (code Lancia 823.00) qui sera la version la plus populaire de toutes les Flaminia. Ses ventes dépasseront celles de la berline avec 5 235 exemplaires produit jusqu’en 1967. Le carrossier milanais Touring présente une GT coupé (2 818 exemplaires de 1959 à 1965) ainsi qu’une GT cabriolet (805 exemplaires de 1960 à 1964). La Carrozzeria Zagato développe quant à elle des versions plus radicalement sportives avec ses versions à carrosserie légère en aluminium : Sport (1959-1964) et Super Sport (1964-1967), pour un total de 534 exemplaires construits. La production de la Flaminia s’élève à 12 546 exemplaires entre 1957 et 1970, toutes versions confondues, parmi lesquels seulement 3 949 berlines.

La fameuse boîte-pont, héritée de l’Aurelia, dispose de freins à disques Dunlop accolés à l’ensemble à partir de 1959, sur les Coupés 823.00. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Toujours un V6

Le V6 de 2,5 Litres ouvert à 90° ayant fait toutes ses preuves dans les dernières Aurelia, Antonio Fessia s’en sert comme base pour celui de la Flaminia. Il dessine un nouveau bloc-cylindres élargi et modernisé disposant d’une circulation d’eau de refroidissement plus importante qui permettra une possible augmentation cylindrée par la suite. Le moteur de 2 458 cm3 développe initialement 98 ch à 4 800 tr/mn sur le prototype, mais cette puissance monte à 102 ch à 5 000 tr/mn sur la première berline pour un couple maximal de 19,5 mkg à 3 000 tr/mn. Le bloc est entièrement réalisé en alliage léger avec des chemises et des sièges de soupapes rapportées en fonte. En 1961, le moteur 2.5 voit sa puissance portée à 110 ch à 5 200 tr/mn grâce au montage d’un carburateur double corps Solex C40 plus gros. La voiture accuse désormais un poids avoisinant les 1 550 kg et au Salon de Francfort de 1963, un V6 de 2 775 cm3 est proposé. Il offre désormais 129 ch à 5 000 tr/mn pour un couple maximal de 23,3 mkg à 2 500 tr/mn. À la fin de la carrière de la Flaminia, la version Zagato Super Sport 3C affiche une puissance de 152 ch à 5 600 tr/mn.

La Flaminia GT Convertibile sera produite exclusivement par la Carrozzeria Touring de 1960 à 1964.© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Fiche technique

Lancia Flaminia Coupé (1960)

• Moteur : Type 823.00, 6 cylindres en V à 60°, longitudinal avant

• Cylindrée : 2 458 cm3

• Alésage x course : 80 mm x 81,5 mm

• Puissance : 119 ch à 5 100 tr/mn

• Alimentation : carburateur double corps Solex C40-PAAI

• Allumage : batterie, bobine et distributeur

• Distribution : arbre à cames central, poussoirs et culbuteurs, 2 soupapes en tête par cylindre

• Transmission : aux roues arrière, boîte à 4 rapports + M.A.

• Pneumatiques : 165 x 400 (avant et arrière)

• Freins : disques Dunlop (avant et arrière), double commande hydraulique

• Longueur : 468 cm

• Largeur : 174 cm

• Hauteur : 142 cm

• Empattement : 275 cm

• Voie avant : 136,8 cm

• Voie arrière : 137 cm

• Poids (à vide) : 1 490 kg

• Vitesse maximale : 170 km/h

Le prototype Florida

Le modèle qui est à l’origine de la Flaminia est une étude basée sur un châssis d’Aurelia type B56. Elle a été réalisée par la Carrozzeria Pinin Farina, une entreprise de Turin dans laquelle Lancia avait des parts à l’époque. Un premier prototype dénommé Florida I est construit à quatre exemplaires (trois berlines et un coupé) à partir d’avril 1955 sous la direction de Franco Martinengo et est présenté au Salon de Turin à l’automne suivant. Cette voiture est équipée d’un V6 de 2,3 Litres et dispose de lignes avant-gardistes comprenant des portières sans montants et des phares logés dans la calandre. Le prototype Florida II est un coupé construit à un seul exemplaire qui est présenté au Salon de Turin 1957, peu après le lancement de la berline Flaminia de série. Le style très angulaire de ce coupé, qui sera la voiture personnelle préférée de Battista Farina pendant de nombreuses années, préfigure le design automobile international de la décennie suivante. 

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