Un modèle pour la ville et la course

Le 29 mars 1984, 200 exemplaires de la Peugeot 205 Turbo 16 étaient réunis sur la piste d’essais de Mortefontaine en vue de son homologation en Groupe B par la FISA. 

La Peugeot 205 T16 a été conçue à partir de la fin 1981, lorsque Jean Todt prend la direction de Peugeot Talbot Sport. Le programme initial qui se nomme « Projet Groupe B », puis « M24 Rallye » lorsqu’il sera plus avancé, deviendra enfin 205 Turbo 16 sous la direction technique de Bernard Perron. Les lignes du premier cahier des charges sont : 4 roues motrices, moteur central et lignes de carrosserie se rapprochant de la 205 de série que Peugeot va commercialiser sous peu. 

En décembre 1981, Peugeot-Talbot Sport est constitué avec pour objectif d’organiser les programmes compétition des deux marques Peugeot et Talbot. En décembre de l’année suivante, PTS annonce son intention de s’engager en Championnat du Monde des rallyes en 1984, en Groupe B. Cette catégorie créée en 1982 était réservée aux voitures de sport modifiées et produites à 200 exemplaires selon le règlement de la FIA. Le véhicule choisi par PTS pour ce challenge est la 205 Turbo 16, dérivée de la GTI.

Le 29 mars 1984, 200 exemplaires de la Peugeot 205 Turbo 16 étaient réunis sur la piste d’essais de Mortefontaine en vue de son homologation en Groupe B par la FISA.

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Un coup de maître

Le 23 février 1983, la Peugeot 205 Turbo 16 est présentée officiellement dans les locaux parisiens du constructeur, situés avenue de la Grande Armée. Au cours des mois suivants, ce prototype va subir de nombreux essais, sur asphalte et sur terre, sous la houlette du pilote Jean-Pierre Nicolas et avec l’aide ponctuelle de Jean-Pierre Jabouille. La construction des 200 exemplaires imposés par la Fédération Internationale du Sport Automobile pour l’homologation en Groupe B de la 205 Turbo 16 débute le 1er décembre 1983 dans l’usine de Poissy. Début mars 1984, la 205 T16 est exposée sur le stand d’Automobiles Peugeot au Salon de Genève. En avril suivant, un communiqué de presse diffusé par Peugeot Talbot Sport annonce l’information suivante : « Vingt-sept mois après le premier coup de crayon, la Peugeot 205 Turbo 16 a été homologuée en Groupe B à compter du 1er avril ». Le jeudi 29 mars en effet, les 200 véhicules construits en à peine trois mois ont été alignés sur la piste du circuit de Mortefontaine, dans l’Oise, en vue de leur inspection par les membres de la FISA ainsi que ceux du BPICA (Bureau Permanent des Industriels et Constructeurs Automobiles). Pour célébrer cet évènement, une grande partie du personnel ayant collaboré au projet est présent. Ce jour-là, comme un clin d’œil, la 2 000 000e Peugeot quittait les chaînes de production de l’usine de Mulhouse et il s’agissait d’une 205 GTI rouge... Le lendemain, les 20 exemplaires « Évolution » destinés à la compétition, également construits à Poissy, sont homologués à leur tour.

La 205 T16 en construction dans l’usine de Poissy. Sur cette photo d’époque, on distingue en arrière-plan le moteur et la transmission intégrale qui vont prendre place.

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Un modèle d’équilibre

Si la version Peugeot 205 Turbo 16 a été conçue parallèlement au modèle de série qui verra le jour en février 1983, cette version sportive ne possède que peu de points communs techniques avec sa cousine 205, tant au niveau du châssis que de celui de la mécanique. Alors qu’à cette époque beaucoup de constructeurs ont adapté des carrosseries existantes pour les homologuer en Groupe B avec une esthétique parfois malheureuse, Peugeot a réussi à dessiner une voiture d’une rare élégance. Extérieurement, les formes générales et les volumes ont été conservés, certains ayant été hypertrophiés.  On remarque, en effet, au premier coup d’œil le renflement caractéristique au niveau des roues arrière avec les entrées d’air de refroidissement du moteur. L’architecture du châssis comprend une coque autoporteuse composée d’éléments en tôle d’acier emboutie et soudés, sur laquelle viennent se greffer des structures tubulaires recevant les suspensions. La majorité des éléments de carrosserie est réalisée en plastique stratifié, hormis les portières qui sont en tôle.

La Peugeot 205 Turbo 16 « Série 200 » sera commercialisée à partir de juin 1984 au prix de 290 000 Francs.

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Intégralement vôtre

Le moteur transversal, dont le bloc et la culasse sont un alliage d’aluminium, est installé en position centrale arrière, incliné à 20° vers l’arrière. Il ne délivre sa pleine puissance (200 ch) qu’à partir d’un régime de 4 000 tours par minute, lorsque le turbocompresseur se déclenche. À noter qu’à cylindrée identique, la version course « Évolution » ?délivre 340 ch, tandis que la version « Évolution 2 » de 1985 offre 430 ch. La boîte de vitesses de type TJ est une descendante de celle qui équipait la Citroën SM une décennie plus tôt. La transmission est à quatre roues motrices en permanence avec une répartition de la puissance moteur à 35,5 % sur le train avant et 64,5 % sur l’arrière. L’ensemble est complété sur chacun des ponts par un différentiel autobloquant ZF à glissement limité (17 % à l’avant et 45 % à l’arrière). L’embrayage est assuré par un système mono-disque à sec à diaphragme Fichtel & Sachs.

De 1984 à 1989, la société belge DIMMA (Distribution et Importation Michel Malherbe Associés) a commercialisé des kits pour 205 homologués par Peugeot.

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Peugeot 205 Turbo 16 (Série 200) de 1984

•?Moteur : Type XU 8T, 4 cylindres en ligne, transversal avant

•?Cylindrée : 1 775 cm3

•?Alésage x course : 83 mm x 82 mm

•?Puissance : 200 ch à 6 750 t/mn

•?Alimentation : injection Bosch K-Jetronic, turbocompresseur K.K.K.

•?Allumage : électronique Magneti-Marelli 

•?Distribution : 2 arbres à cames en tête, 4 soupapes par cylindre

•?Transmission : intégrale, à 5 rapports + M.A.

•?Pneumatiques : Michelin TRX, 210/55 VR 390 (AV et AR)

•?Freins : système hydraulique assisté, disques ventilés à l’avant et à l’arrière (diamètre 273 mm)

•?Longueur : 382 cm

•?Largeur : 170 cm

•?Hauteur : 135,3 cm

•?Empattement : 254 cm

•?Voie avant : 143 cm

•?Voie arrière : 143 cm

•?Poids (à vide) : 1 145 kg

•?Vitesse maximale : 210 km/h

Production limitée

La Peugeot 205 Turbo 16 a été construite à 241 exemplaires au total. En 1984, 220 voitures ont été assemblées, parmi lesquelles, les 200 exemplaires de la version civile imposés par la FISA pour être homologués en Groupe B, ainsi que les 20 exemplaires de compétition, dits « Évolution ». L’année suivante, 19 exemplaires supplémentaires furent produits pour l’homologation de l’Évolution 2 et en 1986, deux derniers exemplaires voyaient le jour pour remplacer les voitures détruites en course ou en essais. Pour les châssis course, le numéro C1 fut le premier engagé en compétition, au Tour de Corse de 1984 tandis que le C021 Ev.2 faisait ses débuts un an plus tard, toujours en Corse.