Peugeot fait des émules

Si Peugeot n’est pas à l’origine de la mode des GTI, le succès de son modèle 205 GTI a grandement contribué au développement de cette catégorie sportive chez ses concurrents.

En moins d’une décennie, ces trois lettres vont symboliser une nouvelle génération de petites sportives musclées et lancer une mode qui sera rapidement reprise par la majorité des constructeurs d’Europe ainsi que par certains modèles japonais produits pour l’exportation. Le marché nord-américain, pourtant friand de sportives et autres Muscle Cars, ne sera cependant pas touché par ce phénomène, même si des marques comme Ford se lanceront dans cette production pour leurs gammes européennes.

L’arrivée de la Peugeot 205 GTI en 1984 met un terme à l’hégémonie de la Golf GTI depuis 1976. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 15 506 Golf GTI sont vendues en France en 1983 contre 6 473 en 1984, tandis que cette même année, la Peugeot 205 GTI occupe 33,8 % du marché français des berlines sportives. En 1984, les amateurs de GTI et autres GT Turbo ont le choix entre une quinzaine de modèles dans cette catégorie et deux ans plus tard, on en compte désormais vingt-quatre. 

La Volkswagen Golf sera la principale concurrente de la Peugeot 205 GTI, ici une version 1800 à 16 soupapes délivrant 135 ch de 1986

© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Volkswagen

La concurrente historique

Dès sa sortie en mars 1984, la Peugeot 205 GTI 1.6 est inévitablement comparée à celle qui règne sur ce segment depuis huit années : la Volkswagen Golf GTI. D’autant que, comme pour mieux assurer l’affrontement commercial inéluctable qui se prépare, ce modèle fait peau neuve et est présenté en tant que deuxième génération. Un changement dans la continuité puisque le bureau d’études de la marque de Wolfsburg a fait en sorte que la nouvelle Golf GTI ne démode pas trop l’original. À l’époque, ses admirateurs regrettent d’ailleurs que cette Golf GTI II n’ait pas été conçue pour écraser à nouveau sa concurrence pendant dix ans ! La Golf s’est quelque peu banalisée alors qu’au contraire, la nouvelle Peugeot 205 GTI fait l’unanimité en gagnant en esthétique par rapport à la version 4 portes de base. La 205 GTI est une véritable bombe sur ce marché encore jeune des GTI avec comme premier argument un prix beaucoup plus avantageux que sa rivale : 67 600 francs contre 75 250 francs ! Et ce, avec des performances mesurées qui vont à l’avantage de la Française que ce soit pour la vitesse maximum (186 km/h contre 181 km/h) ou l’accélération sur 1 000 mètres départ arrêté (30’’6 contre 31’’3), alors que la 205 GTI accuse 7 ch de moins que la Golf GTI (respectivement 105 ch et 112 ch).

La XR2i, issue de la gamme Fiesta, est l’un des modèles sportifs développés par la firme américaine Ford pour mettre un pied dans la cour des GTI.

© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Ford

Les rivales françaises

Chez les constructeurs français, la riposte s’organise rapidement, notamment au sein même de PSA qui voit avec bénédiction la 205 GTI comme une locomotive pour d’autres modèles du groupe. Ainsi, en 1985, Citroën tente de concurrencer sa cousine avec la Visa qui est à son tour lancée en version GTI, dotée du même moteur que la 205, le Type XU5 J de 1 580 cm3 offrant 105 ch. Extérieurement, la Visa GTI se distingue par ses doubles phares ronds, ses élargisseurs d’ailes, ses bas de caisse et spoiler spécifiques ainsi que son sigle GTI bien en évidence sur le coin du capot. En 1987, c’est au tour de la Citroën AX Sport de faire parler d’elle avec son moteur de 1 294 cm3 (95 ch) préparé chez Danielson. Cette même année, Peugeot sort la 309 GTI dotée du moteur 1.9 XU9 JA offrant 130 ch, qui sera suivie en 1989 de la version 309 GTI 16 soupapes de 160 ch. La concurrence hexagonale la plus notable reste toutefois la Renault Supercinq GT Turbo lancée en 1985 afin de remplacer la R5 Alpine Turbo de 1981. La Super 5 GT Turbo dispose du moteur de la R11 Turbo, d’une cylindrée de 1 397 cm3 développant 115 ch, puis 120 ch pour la Phase 2 de 1987.

Chez Renault, c’est la Supercinq GT Turbo qui se dressera en travers du chemin de la Peugeot 205 GTI à partir de 1985.

© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Archives & Collections

Un phénomène européen

Face aux indéboulonnables 205 GTI et Golf GTI, les principales marques européennes se lancent dans la vague GTI. En Allemagne, Opel présente en 1984 une remarquée Kadett GSI équipée d’un quatre cylindres de 1.8 Litre de 115 ch, puis 2 Litres et 130 ch deux ans plus tard. Chez Ford, on a bien essayé, mais sans grand succès, de contrer la Golf dès 1980 avec l’Escort XR3 1600 (96 ch), puis XR3i (105 ch), ainsi qu’avec une version sportive de la Fiesta en 1981, la XR2 qui verra ce même moteur Kent 1,6 Litre délivrer 84 ch, puis 96 ch en 1983 et enfin 110 ch sur la XR2i de 1989. Dans les gammes européennes des marques japonaises, plusieurs modèles vont s’imposer, comme la Mitsubishi Colt GTI Turbo de 125 ch en 1986, ainsi que la Toyota Corolla GT 16S de 121 ch ou la Honda CRX de 125 ch en 1987. Chez l’Italien Fiat, la Uno est la voiture la plus vendue en Europe en 1983 et l’arrivée d’une version Turbo ie de 105 ch en 1985 est censée placer ce modèle dans la course des GTI. Si le moteur issu de la Ritmo est tout à fait à la hauteur, le châssis en revanche se révèlera moins performant.

En 1985, Citroën, l’autre marque du Groupe PSA, adopte le moteur de la Peugeot 205 GTI pour l’installer sur la VISA GTI.

© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Citroën

GTI, une gamme à part

Au milieu des années 1980, les trois lettres GTI constituent un cocktail explosif qui va bouleverser les lois du marché automobile et imposer un style à l’ensemble des constructeurs européens en donnant naissance à un phénomène sans précédent. Précédemment, les véhicules GT (pour Grand Tourisme) s’étaient vu rajouter un O pour Omologato, ou un V pour Veloce chez les marques italiennes, ou S pour Sport chez les françaises, qualifiant ainsi des gammes sportives spécifiques. Avec l’arrivée des GTI, que l’on peut traduire par Grand Tourisme Injection en Français, Gran Turismo Iniezione en Italien ou Grand Tourer Injection en Anglais, la démarche est différente puisque l’on part généralement d’un modèle d’entrée de gamme que l’on dote d’une mécanique beaucoup plus puissante dont la cylindrée va de 1 500 cm3 à 2 Litres. GTI devient ainsi une marque de noblesse comme VIP !

La concurrence vue par Peugeot

En mars 1986, un film promotionnel interne destiné à la force de vente du groupe PSA est produit à l’occasion de la sortie de la Peugeot 205 1.6 version 115 ch. Pendant une dizaine de minutes, le pilote de rallye René Defour, qui a longtemps couru pour cette marque, dresse le panorama des concurrentes de la 205 GTI avec des appréciations et des jugements sans retenue... Les principaux modèles rivaux de la 205 GTI à l’époque sont ainsi présentés : Volkswagen Golf GTI, Opel Kadett GSI, Ford Escort XR3i, Fiat Uno Turbo ie et Renault 5 GT Turbo. Chaque voiture est présentée sous un angle négatif : «la ligne de la Kadett est lourde et ventrue, la XR3 est un modèle ancien et dépassé...» Quant à la Golf GTI, elle est qualifiée de «véritable référence des petites berlines sportives jusqu’à la sortie de la 205 GTI !».