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Porsche 914
Une double identité
En 1969, Porsche et Volkswagen unissent leurs forces pour trouver une remplaçante à la 356 arrêtée quatre ans plus tôt. Ce modèle d’entrée de gamme épaulera la 911 lancée en 1964.
Ferdinand Porsche, le créateur de la marque sportive bavaroise, étant également le père de la première Volkswagen, il n’est donc pas étonnant que les usines de Zuffenhausen et de Wolfsburg se retrouvent ponctuellement sur des projets en commun lorsque l’économie de marché le nécessite. La 914 est la parfaite illustration de cette coopération, au moment où Porsche souhaite concevoir une voiture de sport destinée à une clientèle plus populaire que celle qui fait le succès de la 911 à l’époque.
La 914 est un coupé deux places à coque autoporteuse en acier et toit amovible en matière plastique renforcée de fibres de verre. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche / Archives et Collections.
L’histoire de la 914 est née de la profonde et ancienne amitié entre Heinrich Nordhoff et Ferry Porsche. Le premier a repris les rênes de Volkswagen au lendemain de la guerre et, vingt ans plus tard, cette firme est devenue prospère et puissante. Ferry Porsche quant à lui dirige depuis 1951 la marque qui porte son nom, tandis que sa sœur, Louise Piëch, est en charge de la distribution de VW et de Porsche en Autriche. Le projet 914 est initié en 1966 lorsque Volkswagen a besoin d’une sportive haut de gamme pour remplacer la Karmann Ghia Type 34 un peu dépassée. À cette époque, Porsche dispose d’un modèle d’entrée de gamme, la 912, qui partage avec le coupé Karmann Ghia le même moteur 1 500 et l’idée consiste à remplacer à moyen terme ces deux voitures par un même modèle produit en commun.
Au Salon de Paris de 1969 la nouvelle Porsche 914 est exposée sur le stand Sonauto, l’importateur exclusif de la marque en France depuis 1951. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche / Archives et Collections.
Volkswagen ou Porsche ?
La 914 sera la seule voiture produite sous la double appellation Volkswagen et Porsche. À l’occasion de la sortie de cette voiture, les deux entreprises industrielles créent une société commune à parts égales qui prend le nom de VW-Porsche Vertriebsgesellschaft GmbH (appelé aussi VG). L’une des toutes premières décisions prises est que la voiture sera distribuée sur le marché des États-Unis dans le réseau Porsche-Audi, sous la marque Porsche et en Europe par le réseau Volkswagen, sous la marque Volkswagen-Porsche (Type 47). La commercialisation de la 914 en France fera exception, puisqu’elle y est assurée par Sonauto, l’importateur exclusif Porsche pour l’Hexagone. Bien que les objectifs de Porsche et de Volkswagen diffèrent sensiblement sur certains points, les responsables des bureaux d’études des deux constructeurs sont tombés d’accord sur celui de conserver l’architecture à moteur arrière. Avec cependant une différence importante, puisque désormais le moteur n’est plus installé en porte-à-faux, mais en position centrale, en avant du train arrière, une solution largement éprouvée par Porsche en compétition. La VW-Porsche 914 est présentée le 11 septembre 1969 au Salon de Francfort et la production démarre peu après chez le carrossier allemand Karmann situé à Osnabrück.
Sous le minuscule capot moteur, à l’arrière de la 914, le moteur 4 cylindres à plat est particulièrement difficile d’accès. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche / Archives et Collections.
Carrosserie ouverte
À l’origine du dessin de la 914, il est souvent fait mention d’une étude du designer néerlandais Hans Gugelot qui avait auparavant travaillé sur un projet similaire d’auto découvrable à carrosserie composite et phares escamotables. Quelques années plus tard, le bureau d’études Porsche de Weissach organise un concours interne pour définir le style du nouveau modèle. Cinq projets sont retenus et c’est finalement celui de Heinrich Klie qui est choisi. Ce designer talentueux s’était préalablement illustré en créant pour Porsche les fameuses jantes Fuchs et le tableau de bord caractéristique de la 911. La maquette finale, réalisée sous la tutelle de l’incontournable «Butzi» Porsche, casse tous les codes stylistiques du moment, avec notamment des ailes avant dépourvues de phares. Ces derniers, qui sont de type «pop-up» (escamotables) se retrouvent de chaque côté du capot plat, tandis que les clignotants et les veilleuses ont pris leurs places à l’avant. L’un des principaux marchés de Porsche à cette époque est la côte ouest des États-Unis et il est donc impératif que la nouvelle 914 soit découvrable ! La législation américaine ayant décidé d’interdire les cabriolets dépourvus d’arceau de sécurité, la 914 dispose d’un toit «Targa» avec arceau intégré, tout comme les 911 découvrables.
Les phares de la 914 placés à l’avant du capot sont escamotables, actionnés par des moteurs électriques. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche / Archives et Collections.
Moteur à 4 et 6 cylindres
Le premier millésime de la 914 est proposé avec deux motorisations différentes. La 914/4 d’entrée de gamme dispose d’un 4 cylindres à plat d’origine Volkswagen (Type W80) de 1 679 cm3 à injection indirecte Bosch, développant 80 ch DIN à 4 900 tr/min avec un couple maxi de 13,6 mkg à 2 700 tr/min. La version la plus performante est la 914/6, à 6 cylindres à plat de 1 991 cm3 et 110 ch, offrant un couple maxi de 16 mkg à 4 200 tr/min. Cette dernière version se verra rapidement complétée par un kit de 150 ch proposé par l’importateur Sonauto pour le marché français. À partir de 1972, le moteur de la 914/4 voit sa cylindrée passer à 1 795 cm3, avec une puissance de 85 ch à 5 000 tr/min (couple maxi : 13,8 mkg à 3 400 tr/min), puis à 1 971 cm3 l’année suivante, avec une puissance de 100 ch à 4 900 tr/min (couple maxi : 16 mkg à 3 500 tr/min). La production totale de la 914 s’élève à 118 979 exemplaires de 1969 à 1975, dont 3 333 exemplaires de la version 914/6. Il faut ajouter à ces chiffres les deux prototypes 914/8 et les onze 916 de présérie. La commercialisation de la 914 sera prolongée jusqu’en 1976 aux États-Unis où seront finalement vendus près de 75 % de ce modèle.
Fiche technique
Porsche 914/6 (1970)
• Moteur : type 901/36, 6 cylindres opposés à plat, longitudinal, central arrière
• Cylindrée : 1 991 cm3
• Alésage x course : 80 mm x 66 mm
• Puissance : 110 ch à 5 800 t/mn
• Alimentation : 2 carburateurs Weber 40 IDT triple corps
• Allumage : électronique Bosch
• Distribution : arbre à cames en tête par banc, 2 soupapes par cylindre
• Transmission : type 914/01, aux roues arrière, manuelle à 5 rapports + M.A.
• Pneumatiques : 165/70 HR15 (avant et arrière)
• Freins : disques (ventilés à l’avant)
• Longueur : 398,5 cm
• Largeur : 165 cm
• Hauteur : 122 cm
• Empattement : 245 cm
• Voie avant : 136,1 cm
• Voie arrière : 138,2 cm
• Poids (à vide) : 940 kg
• Vitesse maximale : 196 km/h
Une belle performance au Mans
Pour la 38e édition des 24 Heures du Mans, disputée les 13 et 14 juin 1970, une Porsche 914/6 est engagée par Sonauto, l’importateur de Porsche en France, à l’initiative de son directeur Auguste Veuillet. Ce dernier cherche à démontrer la polyvalence de la 914, comme l’était autrefois la 356 et plus récemment la 911. La voiture qui porte le numéro 40 est engagée en Groupe 4 (Grand Tourisme Spéciale) et est dotée d’un moteur de 1 991 cm3 développant 230 ch. Elle est confiée à deux habitués du circuit de la Sarthe, Guy Chasseuil et Claude Ballot-Léna. L’équipage termine 6e au classement général et remporte la catégorie GT, après avoir parcouru 3 834,260 km à la vitesse moyenne de 159,761 km/h. Par ailleurs, la 914 Sonauto se classe 4e à l’indice de performance et 2e au rendement énergétique. L’année suivante, les deux Porsche 914/6 alignées au Mans abandonnent.
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