Porsche 928

Une GT pour le marché américain

Conçue au début des années 1970 pour succéder au modèle 911, la Porsche 928 en représente le contrepied parfait, que ce soit dans le domaine technologique ou dans celui de son design avant-gardiste.

Dans l’évocation cinématographique de cette course prestigieuse, la réalité et la fiction se croisent sans cesse et les séquences réalisées à bord d’une voiture qui a réellement participé à la course apportent vraiment un réalisme incomparable à l’histoire qui est racontée à l’écran. Une impression renforcée par le fait que Steve McQueen, qui interprète le héros du film, est un pilote chevronné et talentueux.

La production Porsche en 1977, avec au premier plan la 911, puis la 911 Turbo, la 924 et la 928 qui est le haut de gamme de la marque. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche

Si cette voiture de Grand Tourisme lancée en 1977 sera loin de connaître le même succès que le modèle phare de la marque de Stuttgart, elle n’en reste pas moins une étape importante de l’histoire de Porsche. La 928 est, en effet, la première à disposer d’un moteur V8 installé à l’avant, mais aussi à proposer des équipements et des aménagements de très haut de gamme à un prix assez raisonnable. Ces choix techniques et esthétiques avaient été développés pour séduire le marché nord-américain.

Au début des années 1970, les normes de pollution et de sécurité américaines sont renforcées tandis que la crise pétrolière s’installe. La 911, qui représente alors plus de la moitié des ventes de Porsche aux États-Unis, se retrouve menacée. Ernst Fuhrmann, le nouveau PDG de la firme de Zuffenhausen, envisage son remplacement à moyen terme et commande l’étude d’un modèle coupé 2+2 pouvant entrer dans la catégorie des GT. Contrairement à la petite 924 qui est développée parallèlement à l’époque, en collaboration avec le groupe Volkswagen, la future 928 devra être une production 100% Porsche. L’idée est de concevoir une 911 améliorée sur tous les points, dotée d’une technologie innovante et des performances d’une sportive, tout en offrant un haut niveau de confort et de sécurité.

Une ligne futuriste

Les première études de la future 928 (désignée sous le code EA 425) remontent à l’été 1970 et sont réalisées sous la direction d’Helmut Bott, le responsable du développement chez Porsche. Le cahier des charges est arrêté le 21 octobre 1971 et le projet est confié au nouveau Centre de Recherche & Développement Porsche de Weissach. L’ingénieur châssis Wolfhelm Gorissen est nommé responsable, assisté de Wolfgang Eyb et Helmut Flegl. L’objectif est de lancer la voiture en production avant la fin de l’année 1975. Les premiers essais aérodynamiques en soufflerie sont conduits en février 1972 sous la direction du styliste Anatole Lapine assisté de Wolfgang Möbius qui parviennent à obtenir un Cx exceptionnel de 0,39. L’inédit V8 tourne au banc dès janvier 1973 et le premier prototype est opérationnel en avril 1974. Après une présentation à la presse en avant première sur la Côte d’Azur en février 1977, la Porsche 928 est dévoilée officiellement au public en mars suivant, lors du Salon de Genève. D’emblée, cette nouvelle Porsche séduit ou dérange, mais surtout étonne le plus grand nombre de ceux qui la découvrent. Sa carrosserie dotée dʼun capot plongeant à l’avant et d’une silhouette arrondie à lʼarrière lui confère une allure de soucoupe volante à l’esthétique purement fonctionnelle... La presse automobile est conquise et lui décerne le prestigieux titre de « Voiture européenne de l’année » pour 1978.

Technique « Transaxle »

La carrosserie autoporteuse est en tôle d’acier galvanisé, mais certains des éléments comme les portières, les capots et les ailes sont en aluminium. L’architecture retenue pour la 928 est un moteur placé longitudinalement à l’avant, tandis que la boîte de vitesses et le pont sont accolés à l’arrière afin d’obtenir une meilleure répartition des masses. Ce système appelé « Transaxle » avait déjà été étudié par Ferdinand Porsche avant guerre pour une Mercedes de course. Sous le capot, on trouve un V8 de 4,5 Litres extrêmement compact, construit en aluminium et refroidi par eau ; un choix adopté pour attirer la clientèle américaine. Un tube rigide enfermant la transmission relie le moteur à la boîte de vitesse qui est disposée devant l’essieu arrière. Ce dernier, de type « Weissach », est inédit et contribue largement au comportement routier remarquable de la 928 grâce à sa double triangulation. La boîte est à 5 vitesses manuelle, mais une boîte automatique à 3 rapports, d’origine Dailmler-Benz, est également disponible en option, tout comme un différentiel autobloquant ZF provenant de la 911. Le freinage à double circuit hydraulique est assuré par quatre disques ventilés.

Pour le dessin de la 928, le styliste Porsche Tony Lapine s’est inspiré du concept car Chevrolet Corvair Testudo créé par Bertone dix ans plus tôt. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche

Les évolutions

À partir du millésime 1979, la 928 est déclinée en version S qui se distingue extérieurement par l’ajout d’un spoiler à l’avant et d’un aileron à l’arrière. La cylindrée du V8 passe à 4 664 cm3 , ce qui permet à la puissance d’atteindre 300 ch à 5 900 tr/min. En 1983, la version S2 gagne 10 ch de plus et trois ans plus tard, la version S4 voit la cylindrée du moteur augmenter à 4 957 cm3 avec une puissance de 320 ch à 6 000 tr/min. On retrouve ce même moteur dans la version GT de 1989 où il développe 330 ch à 6 200 tr/min. Une ultime évolution GTS voit le jour en 1991, dotée d’un nouveau V8 de 5 397 cm3 délivrant 350 ch à 5 700 tr/min, ce qui autorise une vitesse de pointe de 275 km/h. La Porsche 928 a été construite à 61 054 exemplaires, toutes versions confondues, de 1977 à 1995. La version 928 (1977-1982) totalise 17 710 exemplaires, les versions S, S2 et S4 (1979-1991) 39 009 exemplaires et les versions GT et GTS (1989-1995) 4 335 exemplaires.

Fiche technique

Porsche 928 (1977)

• Moteur : Type M28/01, 8 cylindres en V à 90°, longitudinal avant

• Cylindrée : 4 474 cm3

• Alésage x course : 95 mm x 78,8 mm

• Puissance : 240 ch à 5 250 t/mn

• Alimentation : injection mécanique Bosch K-Jetronic

• Allumage : électronique Bosh

• Distribution : 2 arbres à cames en tête par banc, 2 soupapes par cylindre

• Transmission : Type G28/03, aux roues arrière, 5 rapports + M.A.

• Pneumatiques : 225/50 VR 16 (avant et arrière)

• Freins : disques ventilés (avant et arrière)

• Longueur : 444,7 cm

• Largeur : 183,6 cm

• Hauteur : 128,2 cm

• Empattement : 250 cm

• Voie avant : 155,2 cm

• Voie arrière : 152,9 cm

• Poids (à vide) : 1 450 kg

• Vitesse maximale : 230 km/h

Une série confidentielle

Entre 1988 et 1989, une série limitée à 19 exemplaires baptisée 928 S4 CS (Clubsport) est lancée pour une clientèle très fortunée. Ce modèle exclusif a été conçu dans l’esprit de la 911 Carrera Clubsport produite à 340 exemplaires l’année précédente. La 928 CS est plus légère d’environ 130 kg et dispose du moteur de la S4 : V8 de 5 Litres offrant 320 ch à 6 000 tr/min associé à une boîte manuelle 5 vitesses. Ce qui lui permet une vitesse de pointe de 271 km/h. Après deux prototypes présentés en 1987, cinq exemplaires de pré-série sont produits et offerts aux pilotes d’usine Porsche du moment : Derek Bell, Hans-Joachim Stuck, Bob Wolleck, Jacky Ickx et Jochen Mass. Puis les 19 exemplaires de série sont assemblés : 12 en 1988 et 7 en 1989.