PORSCHE 917 kH

Cette collection est une adaptation de Porsche Racing collection - Éditeur : Centauria Editore s.r.l.

Le moteur le plus raffiné jamais créé par Porsche

Le moteur de la 907 est étudié par Hans Mezger, père du V6 turbo qui a permis à McLaren de remporter le championnat du monde de Formule 1 en 1984, 1985 et 1986. Le douze cylindres « à plat » de la 917 résulte de la combinaison de deux monoblocs à 6 cylindres de 2,2 litres de la 911 ; pour limiter sa longueur, chaque couple de pistons opposés attaque la même manivelle du vilebrequin, si bien qu’il s’agit d’un moteur en V à 180°. Le système de refroidissement par air traditionnel chez Porsche comporte un ventilateur horizontal capable de souffler 2 500 litres d’air par seconde. Les culasses, une par banc, sont en alliage léger d’aluminium. Le carter est coulé dans un alliage de magnésium, les bielles sont en titane. Les deux arbres à cames par banc actionnent 2 soupapes par cylindre formant entre elles un angle de 65° et le système d’injection mécanique est fourni par Bosch. Chaque cylindre reçoit aussi deux bougies.

Autre originalité : la prise de mouvement est placée au centre du carter de vilebrequin, où sont situés aussi les engrenages d’entraînement des arbres à cames avec ceux qui entraînent un arbre auxiliaire puis l’embrayage. Le très compliqué système de graissage à carter sec comprend plusieurs pompes qui garantissent une circulation optimale de l’huile.

Puissance, légèreté et aérodynamique

À l’époque, Porsche a déjà acquis une grande expérience dans le domaine des matériaux légers et la 917 a un châssis en tubes d’aluminium (en magnésium en 1971) habillé d’une carrosserie fabriquée en fibre de verre et résine synthétique, renforcée autour des baies de portière par des tubes d’aluminium.

[Au Mans, sur les Hunaudières, la 917 frôle les 400 km/h]

Pour optimiser les performances sur des circuits différents, deux configurations aérodynamiques sont étudiées. Celle à queue courte (KH) est mieux adaptée aux pistes sinueuses car elle crée davantage d’appui ; elle sera complétée par deux dérives verticales en 1971. Celle à queue longue et aileron horizontal (LH) permet en revanche d’atteindre des pointes de vitesse supérieures, à tel point qu’une 917 ainsi équipée frôle les 400 km/h sur la ligne droite des Hunaudières, longue de plus de 6 km, au Mans.

En ce qui concerne la transmission, Porsche opte pour une boîte de vitesses à quatre ou cinq rapports selon les circuits, tandis que les suspensions reposent sur le schéma classique à deux triangles superposés oscillants associés à des amortisseurs Bilstein et des ressorts hélicoïdaux. Les quatre freins à disque sont à double circuit pour minimiser les conséquences d’une panne.

La voiture avec laquelle Elford et Larrousse remportent les 12 Heures de Sebring 1971 est conservée au Musée Porsche de Stuttgart.

Pour l’Amérique, Jusqu'à 1 500 ch

La version originale du moteur d’une cylindrée de 4 494 cm3 atteint d’abord 520 ch à 8 000 tr/min, puissance qui passe très vite à 580 ch à 8 300 tours. En 1970, année royale de la 917, la cylindrée s’élève à 4 900 cm3 et la puissance culmine à 600 ch, puis à 630 après l’adoption de cylindres recouverts intérieurement de Nikasil. Les moteurs destinés au championnat nord-américain CanAm, dont le règlement impose peu de limites, sont dotés de 2 turbocompresseurs si bien que la dernière version de 1973, portée à 5 374 cm3, délivre des puissances ahurissantes : 1 100 à 1 200 ch avec les réglages course et jusqu’à 1 500 pour les essais qualificatifs.

Les ingénieurs Valentin Schäffer, à gauche, et Gerhard Küchle, à droite, ont eu un rôle majeur dans le développement du 12 cylindres de la 917, qui reste le seul moteur Porsche avec un tel fractionnement de cylindrée. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés.

Au début de sa carrière sportive, la 917 est aussi rapide que difficile à pousser à ses limites, au point que quelques pilotes préfèrent renoncer à la nouvelle « arme » de Porsche pour courir avec la 908 plus docile. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés.

En 1974, le comte Gregorio Rossi de Montelera, propriétaire de Martini & Rossi, fait transformer par Porsche une 917 pour la conduire sur route, mais il ne parviendra pas à la faire homologuer en Europe. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés.

Ci-dessus, vue de l'habitacle fonctionnel de la 917 KH, qui est très avancé en raison de l'encombrement du moteur obtenu par l'accouplement de deux six cylindres de 911. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés.

Une touche de luxe est apportée par le pommeau en balsa du sélecteur de vitesse. Cette particularité sera reprise comme une citation sur la magnifique Porsche Carrera GT de 2003. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés.

La 917 : une star d’Hollywood

La 917 KH joue un rôle important dans le film Les 24 Heures du Mans sorti en 1971 et interprété par Steve McQueen. L’œuvre ne rencontre pas un grand succès à sa sortie, pourtant elle est considérée par les passionnés comme une des plus réalistes jamais produites sur la course automobile. La voiture utilisée pour le film est la 917 n° 20 engagée aux 24 Heures du Mans 1970 par l’écurie Gulf pour l’équipage Jo Siffert-Brian Redman, qui ne finira pas la course remportée par la voiture sœur du team Porsche-Salzburg de Hans Hermann-Richard Atwood. Les scènes de course sont filmées depuis une Porsche 908 engagée normalement. Steve McQueen, très bon pilote amateur, souhaitait participer à la course, mais l’assurance de la production du film a refusé, jugeant les risques trop grands. Une 917 KH utilisée pour les prises de vues du film a été vendue aux enchères en 2017 par Gooding & Company pour plus de 14 millions de dollars.