Porsche 936

Retour victorieux au Mans

Lancée en 1976, la Porsche 936 reprend le flambeau de son aînée 917 en Championnat du Monde des voitures de Sport et va s’imposer régulièrement dans cette discipline pendant cinq saisons.

Dans l’évocation cinématographique de cette course prestigieuse, la réalité et la fiction se croisent sans cesse et les séquences réalisées à bord d’une voiture qui a réellement participé à la course apportent vraiment un réalisme incomparable à l’histoire qui est racontée à l’écran. Une impression renforcée par le fait que Steve McQueen, qui interprète le héros du film, est un pilote chevronné et talentueux.

Après son fabuleux parcours en Endurance de 1976 à 1981, la Porsche 936 s’illustrera en Championnat de Tourisme allemand DRM pendant encore trois saisons. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche

La 936 est l’une des plus couronnées parmi toutes les voitures de compétition conçues par Porsche à l’époque. Elle acquiert ses titres de noblesse en remportant notamment trois victoires aux 24 Heures du Mans, la plus prestigieuse des courses d’Endurance, et ce, face à une concurrence redoutable. En 1976, la 936 est également la première voiture à moteur Turbo à remporter cette course, vingt-cinq ans après les débuts de Porsche dans cette épreuve.

Au lendemain des deux victoires consécutives de la 917 aux 24 Heures du Mans en 1970 et 1971, l’écurie d’usine Porsche se retire du Championnat du Monde des voitures de Sport en raison d’un changement de règlementation édicté par la FIA à partir de 1972. La cylindrée des moteurs étant désormais limitée à 3 Litres, les puissantes Porsche 917 et autres Ferrari 512 M n’ont désormais plus leur place en Endurance. Porsche se tourne alors vers le Championnat nord-américain de Can-Am, tandis que quelques écuries privées continuent de courir avec des 908/3 de trois litres. Mais leurs huit cylindres à plat ne parviennent pas à égaler les hauts régimes des performants moteurs V12 qui équipent les Matra, Ferrari et Alfa Romeo. Pour 1976, le règlement change de nouveau et Porsche décide d’aligner son Spyder 936 en Groupe VI (catégorie Course biplace), ainsi que des 934 et des 935, respectivement en Groupe IV (Grand Tourisme) et V (Productions Spéciales).

Aux 24 Heures du Mans de 1979, la 936 (châssis N° 001) engagée par Essex Porsche et pilotée par Bob Wolleck et Hurley Haywood abandonnera à la 19e heure (moteur). © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche

Du neuf avec du vieux 

Compte tenu des délais très courts dont les ingénieurs disposent, la Porsche 936 est conçue en utilisant les meilleures solutions mécaniques provenant des modèles de course dont Porsche dispose à ce moment-là. La presse évoque alors une construction avec utilisation de « pièces sur étagère » ... Il s’agit d’un assemblage hétéroclite, mais cependant remarquablement efficace, que l’on pourrait formuler ainsi : 935 + 917 + 908 = 936 ! Parmi les différents éléments qui composent la dernière-née du constructeur de Zuffenhausen, on trouve en effet le moteur turbo provenant de la 935, un châssis basé sur celui de la 908/3 incorporant les trains roulants de la 917 et une carrosserie inspirée des 917/10 et 917/30 engagées précédemment en Championnat Can-Am. La conception de la nouvelle 936 est lancée en septembre 1975 et les premiers essais se déroulent en février 1976. Le baptême de piste a lieu le 4 avril aux 300 km du Nürburgring où Rolf Stommelen termine 5e. D’emblée, la Porsche 936 est au niveau de ses principales concurrentes Alfa Romeo et Renault ; mais surtout, elle se révèle beaucoup plus fiable. Si bien qu’elle va dominer sa première saison (5 victoires, plus Le Mans qui est Hors Championnat) et s’adjuger haut la main le Championnat du Monde des voitures de Sport. 

Le dessin de la carrosserie de la Porsche 936 est très proche des modèles 917/10 et 917/30 engagés précédemment en Can-Am.© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche

Solutions éprouvées et économiques

Pour son châssis, la 936 a recours à la technique du cadre tubulaire en aluminium sur lequel est montée une carrosserie constituée de trois éléments en Polyester et fibres de verre : l’avant avec les phares intégrés, la cellule centrale avec les deux portières et enfin l’arrière qui se termine par deux dérives verticales en bouts d’ailes surmontées d’un grand aileron aérodynamique à double arête, tandis que la manche à air coiffe le compartiment moteur à l’arrière du cockpit. Sur la 936, le siège du pilote est un peu décalé à la droite de l’axe médian de la voiture. La suspension avant comprend des bras oscillants transversaux et des jambes de force et celle arrière adopte des triangles associés à des jambes de force, l’ensemble étant complété par des ressorts hélicoïdaux et des amortisseurs à gaz Bilstein. Le freinage est assuré par un double circuit hydraulique, avec répartiteur réglable, agissant sur des disques ventilés et des étriers en aluminium. Le réservoir de carburant, d’une contenance de 160 litres est disposé en deux parties de chaque côté du pilote afin d’équilibrer les masses au niveau de l’axe transversal.

Le pilote belge Jacky Ickx est l’un des principaux artisans du succès de la Porsche 936, avec notamment ses trois victoires au Mans en 1976, 1977 et 1981. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Porsche

L’avantage du Turbo

Le moteur 6 cylindres à plat turbo de 2 142 cm3 est l’atout majeur de la Porsche 936. Il est issu de celui qui équipe la 911 Turbo RSR de 1974 ainsi que la 935. Son bloc et sa culasse sont en aluminium et le carter en alliage de magnésium. Comme pour toutes les Porsche de série et de compétition produites jusque-là, il est refroidi par air. L’ensemble boîte de vitesses/différentiel qui provient de la 917 de Can-Am est associé à un embrayage tri-disques à sec Borg & Beck. En 1977, la puissance passe à 540 ch et l’unique turbo KKK est remplacé par deux plus petits. L’année suivante, le moteur développe désormais 620 ch, grâce à un double arbre et quatre soupapes par cylindre. Cette configuration a nécessité l’installation d’un système de refroidissement des culasses par eau. Après avoir été remisée pendant les deux saisons suivantes, la 936 d’usine reprend du service en 1981 dotée d’un nouveau moteur de 2 650 cm3 développant 630 ch à 8 300 tr/min.

Fiche technique

Porsche 936 Spyder (1977)

• Moteur : 6 cylindres à plat opposés, arrière 

• Cylindrée : 2 142 cm3

• Alésage x course : 83 mm x 66 mm

• Puissance : 520 ch à 8 000 t/mn

• Alimentation : injection mécanique Bosch,
2 turbos KKK

• Allumage : double allumeur Bosch

• Distribution : 1 arbre à cames en tête par banc,
2 soupapes par cylindre

• Transmission : aux roues arrière, à 5 rapports + M.A.

• Pneumatiques : Dunlop 265/565 x 15 (avant) 340/600 x 15 (arrière)

• Freins : disques ventilés (avant et arrière)

• Longueur : 496 cm

• Largeur : 192 cm

• Hauteur : 127 cm

• Empattement : 241 cm

• Voie avant : 154 cm

• Voie arrière : 151,5 cm

• Poids (à vide) : 700 kg

• Vitesse maximale : 350 km

Les trois victoires au Mans

La Porsche 936 fait partie du club très fermé des voitures ayant remporté les 24 heures du Mans à au moins trois reprises. La première victoire a lieu lors de l’édition de 1976 grâce à l’équipage Jacky Ickx-Gijs Van Lennep, avec le châssis N° 002 engagé par Martini Racing Porsche System. Pour 1977, Ickx s’impose de nouveau au Mans, associé cette fois-ci à Jürgen Barth et Hurley Haywood sur le châssis N° 001 du Martini Racing. Il faudra ensuite attendre 1981 pour que la Porsche 936 retrouve le chemin du succès dans la Sarthe, toujours grâce au talentueux champion belge Jacky Ickx, qui partage la 3e victoire de cette voiture avec Derek Bell (châssis N° 003 engagé par Porsche System). Entre temps, la 936 se sera tout de même classée 2e et 3e en 1978, ainsi que 2e en 1980 !

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