Coupé Beta Montecarlo

Rédaction : Albert Lallement  

Une Lancia née Fiat

Initialement, le coupé Montecarlo était prévu pour compléter la gamme de Fiat qui souhaitait lancer une petite sportive à deux places et moteur central. Mais la crise pétrolière allait en décider autrement…

Héritage de la compétition, le moteur en position centrale arrière a été adopté par plusieurs constructeurs à la fin des années soixante pour leur modèles sportifs destinés au grand public. Les Matra, Alpine et Dino étant alors des réussites dans cette configuration. Lorsque Lancia est repris par Fiat en 1969, le groupe planche sur deux études de châssis à moteur central, solution alors inédite à Turin. La première est la Fiat X1/9 et la seconde est la Lancia Beta Montecarlo. Ce modèle va honorer la tradition sportive de Lancia et couvrir la marque de lauriers en course.

Grâce à l’équipage composé par Riccardo Patrese (à gauche) et Walter Rörhl, la Lancia Beta Montecarlo remporte le Championnat du Monde des Marques de 1979 en catégorie moins de 2 Litres. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

La genèse de la Beta Montecarlo se déroule en plusieurs phases, parfois hésitantes, qui vont engendrer des modèles étroitement liés, certains de série et d’autres destinés à la compétition. En 1969, Fiat est en pleine réflexion pour remplacer ses modèles sportifs de l’époque, le Spider 850 et le coupé 124 Sport, datant respectivement de 1965 et 1967. Fiat possède à l’étude une sportive à moteur transversal arrière de 1,3 Litre développée chez Bertone et qui est présentée au Salon de Turin de 1972 sous le nom de X1/9. Il est à l’époque prévu d’en confier une version plus grande à Pininfarina, dotée d’un moteur de 1,8 ou 2 Litres. Ce projet commence par être dénommé X1/8 chez Fiat, tandis que dans la nomenclature officielle du constructeur, il apparaît comme Tipo 137, nom qui sera conservé quand le modèle sera plus tard construit chez Lancia.

Les volumes compacts et équilibrés de la Lancia Beta Montecarlo inaugurent une nouvelle génération de coupés sportifs.© IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Lancia récupère le projet

Pininfarina pousse son projet encore plus loin et, en 1971, la X1/8 est rebaptisée X1/20 en référence au moteur Lampredi de 2 Litres. Mais la crise pétrolière modifie les projets et Fiat, soucieux de son image de constructeur responsable, ne souhaite pas lier son nom à une sportive gourmande en énergie et « refile le bébé » à Lancia. Volkswagen fera de même avec la future 924 qui sera confiée à Porsche. Pininfarina ne veut pas en rester là et il poursuit le développement d’un prototype en collaboration avec Abarth sous l’appellation SE 030. Celui-ci est engagé en compétition et se classe 2e au Giro d’Italia de 1974. Il est question d’en produire une version de série, mais, pour ne pas concurrencer le succès commercial de la Fiat X1/9, c’est Lancia qui hérite du projet. La crise pétrolière oblige à faire une croix sur le brillant V6 3 Litres de 285 ch pour se rabattre sur le quatre cylindres 2 Litres Lampredi de 120 ch qui équipe la Fiat 124. Le dessin de la voiture évolue vers un coupé compact, aux lignes tendues réalisé par Paolo Martin chez Pininfarina. La voiture est présentée au public à l’occasion du salon de Genève de 1975 où sa beauté brute, chef-d’œuvre de simplicité, fait l’admiration de tous. Elle prend le nom commercial Montecarlo, écrit à l’italienne, et est intégrée à la famille Beta, à laquelle il manquait un modèle sportif, même si elle ne partage pas grand-chose avec les berlines et les coupés de cette gamme.

Les lignes de la Beta Montecarlo sont déjà présentes dans celles du prototype Abarth-Pininfarina SE 030. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Un succès mitigé

Comme il n’est pas prévu de gros volumes de production, sa fabrication est confiée à l’usine Pininfarina de Grugliasco dans la banlieue de Turin. Avec 3 854 exemplaires vendus depuis son lancement, Lancia décide d’arrêter la production de la Beta Montecarlo en mai 1978, le modèle restant toutefois au catalogue afin d’écouler le stock. Après une brève interruption, un modèle de deuxième série (type 137 AS.565) est présenté au Salon de Genève de 1980. Son architecture et sa motorisation restent identiques et elle se distingue de la première version par sa calandre redessinée dans le style de la Delta, avec une barre centrale. Cette nouvelle version appelée simplement Lancia Montecarlo ne rencontre pas plus de succès que la précédente et, en juin 1981, la fabrication cesse définitivement. Au total, 7 595 exemplaires auront été construits en sept années, dont 1 801 exemplaires de la version américaine «Scorpion» de 1975 à 1977.

La Lancia Beta Montecarlo possède un style moderne qui n’est pas sans rappeler la Ferrari Berlinetta Boxer, un autre coupé à moteur central arrière dessiné par Pininfarina. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

La Montecarlo en course

a Beta Montecarlo de Groupe 5 est présentée le 18 décembre 1978 et elle effectue ses premiers essais deux mois plus tard sur la piste de Verano. Sa sortie officielle a lieu le 22 avril lors du «Fiat Day» sur le circuit de Vallelunga. Elle fait ses débuts en course aux 6 Heures de Silverstone le 6 mai, pilotée par Riccardo Patrese et Walter Rörhl (abandon). Lancia n’avait pas officiellement disputé de courses sur circuit depuis 1954. Les victoires remportées dans la catégorie moins de 2 Litres au Nürburgring, à la Coppa Florio et à Brands-Hatch permettent à Lancia de remporter le titre mondial dans sa catégorie. En 1980, le moteur est modifié pour permettre à la Beta Montecarlo d’évoluer aussi en catégorie plus de 2 Litres. Cette année-là, les Lancia Montecarlo remportent 14 victoires, dont 3 au classement général, aux 6 Heures de Brands-Hatch, du Mugello et de Watkins-Glen et le titre mondial est à nouveau gagné à la barbe de Porsche. Pour 1981, afin de se préparer au nouveau règlement de Groupe C, Lancia reçoit le soutien de Martini & Rossi. Les succès sont au rendez-vous et Lancia s’adjuge 6 victoires de classe et un troisième Championnat du Monde consécutif. L’arrivée en Endurance des Groupe C en 1982 met fin à la belle aventure de la Beta Montecarlo de Groupe 5 qui été construite en 11 exemplaires au total.  

L’habitacle qui ne peut accueillir que deux passagers est moderne mais ses finitions sont moins haut de gamme que sur certaines Lancia plus anciennes. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.

Fiche technique

Lancia Beta Montecarlo, 1re série (1974)

• Moteur : Lancia Type 137.AS.000, 4 cylindres en ligne, transversal central arrière

• Cylindrée : 1 995 cm3

• Alésage x course : 84 mm x 90 mm

• Puissance : 120 ch à 6 000 tr/mn

• Alimentation : carburateur double corps inversé Weber 34 DATR4

• Allumage : électronique Magnetti-Marelli

• Distribution : 2 arbres à cames en tête, 2 soupapes par cylindre

• Transmission : aux roues arrière, 5 rapports + M.A.

• Pneumatiques : 185/70 HR13 (avant et arrière)

• Freins : disques (avant et arrière), diamètre 227 mm

• Longueur : 381,5 cm

• Largeur : 169,5 cm

• Hauteur : 119 cm

• Empattement : 230 cm

• Voie avant : 142,2 cm

• Voie arrière : 146,6 cm

• Poids (à vide) : 1 040 kg

• Vitesse maximale : 190 km/h

Une histoire d’appellations

En 1969, l’ingénieur Sergio Camuffo est nommé responsable du développement de Lancia. À l’époque, la gamme s’articule alors autour de trois modèles déjà anciens : la Flaminia (1957), la Flavia (1960) et la Fulvia (1963). L’équipe de Camuffo se lance dans l’étude d’un nouveau modèle qui est dévoilée en 1972, la Lancia Beta qui sera déclinée en version berline, coupé, berline trois portes Trevi, Spider et Fastback. Le nom de Beta est choisi pour marquer le nouveau départ de la marque et rendre hommage à son fondateur Vincenzo Lancia qui choisissait des lettres de l’alphabet grec pour dénommer ses voitures. Cette tradition avait cependant été abandonnée dans les années 1930. Beta avait déjà été utilisé pour un modèle de 1909 et Alpha ne fut pas adopté pour éviter toute confusion avec Alfa Romeo, une autre marque du groupe Fiat. Quant au nom de Montecarlo, il évoque bien sûr les nombreuses victoires de Lancia dans le célèbre rallye de Monte Carlo.

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