L’Aprilia s’inscrit en effet dans la lignée des voitures avant-gardistes qui ont fait la renommée internationale du constructeur turinois depuis l’emblématique Lambda de 1922. Le dernier opus de Vincenzo Lancia en reprend d’ailleurs plusieurs solutions techniques innovantes tout en adoptant à son tour des procédés inédits tels que la carrosserie autoporteuse ou la suspension à quatre roues indépendantes. Ralentie durant la guerre, la production de l’Aprilia se poursuivra avec régularité jusqu’en 1949, parallèlement à sa «petite sœur» baptisée Ardea.
La carrosserie offre une bonne habitabilité pour quatre personnes et son accessibilité est aisée grâce à ses portières à ouverture opposée et l’absence de montant central. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Depuis le début des années 1930, Lancia s’attache à produire des voitures disposant d’une technique de pointe tout en offrant un confort de haut niveau. Avec celle qui va devenir l’Aprilia, Vincenzo Lancia souhaite lancer un modèle aussi radicalement novateur que la Lambda, mais d’une cylindrée plus petite. Le cahier des charges fixé est très strict : carrosserie d’une longueur de 4 mètres maximum permettant d’accueillir cinq passagers, poids inférieur à 900 kg et moteur V4 compact de moins de 1,5 Litre tout en étant plus puissant et plus économique que celui de l’Augusta.
Lors de sa présentation officielle, la Revue Technique Automobile titre : “La Lancia Aprilia fait honneur à l’industrie automobile italienne.” © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
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Les premières esquisses de l’Aprilia apparaissent en avril 1934 sous la forme d’une carrosserie très ronde de type «goutte d’eau» dotée de deux larges portières sans charnières extérieure, évoquant la Rumpler «Tropfenwagen» de 1922. Le dessin définitif, déposé en mars 1935, est l’aboutissement des travaux de l’ingénieur maison Battista Falchetto qui avait précédemment travaillé sur la Lambda et la Dilambda. Pour l’Aprilia, il a réalisé des études aérodynamiques poussées en collaboration avec la soufflerie de l’Institut Polytechnique de Turin. Le résultat est époustouflant pour l’époque puisqu’il laisse apparaître un coefficient de trainée de seulement 0,47. Dans le même temps, la structure et le châssis sont développés par une équipe d’ingénieurs placés sous la direction de Giuseppe Baggi. Les premiers essais routiers ont lieu à partir de l’automne 1935 et se poursuivent jusqu’en juin 1936. Au cours de cet été-là, Vincenzo Lancia demande à ses collaborateurs habituels, les ingénieurs Gismondi, Varga et Tacchini, de l’emmener pour un essai entre Turin et Bologne. Sur la route du retour, il décide de prendre le volant et une fois arrivé à l’usine, alors qu’il n’avait pas dit un mot jusque-là, il s’exclame : «Quelle merveilleuse voiture !» La nouvelle Lancia est dévoilée au Salon de Paris de 1936, puis est ensuite exposée aux Salons de Londres et Milan où elle fait sensation. D’emblée, l’Aprilia est saluée comme étant une berline de prestige qui redéfinit la voiture telle qu’on la connaissait jusque-là. Parmi les magazines spécialisés qui encensent ce modèle à l’époque, on trouve «La Vie Automobile» du journaliste français Charles Faroux, ainsi que la revue de référence anglaise «Autocar». La production en série débute le 24 février 1937, sans que Vincenzo puisse suivre les débuts de sa dernière création, car ce dernier est décédé d’une crise cardiaque quelques jours plus tôt, le 15 février 1937.
La calandre caractéristique des Lancia Aprilia sera reprise jusqu’à l’Aurelia. Comme toutes les Lancia d’avant-guerre, l’Aprilia dispose d’une conduite à droite. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Une élégante berline
Comme son ainée Augusta, la Lancia Aprilia n’est d’abord proposée qu’en berline à quatre portes (tipo 238) dotée d’un moteur V4 de 1 351,74 cm3 offrant une puissance de 47 ch. Une version Lusso (Luxe), tipo 238L, est disponible à l’été 1937. Elle dispose d’équipements supplémentaires comme un marchepied et une planche de bord plus complète qui font passer le poids à 895 kg. Parallèlement, un châssis nu (tipo 239) est disponible. La première évolution importante arrive avec la seconde série (tipo 438 et 439 pour le châssis nu) qui est lancée le 18 août 1938 et sera produit jusqu’au 22 octobre 1949. Son moteur voit sa cylindrée augmenter à 1 486,5 cm3 (alésage/course : 74,61 mm x 85 mm). Le but n’est pas tant une augmentation de puissance (à peine 1 ch) que l’amélioration du couple à bas régime, de la souplesse et des accélérations du fringant V4. Cette seconde série présente les finitions de la précédente Lusso, reconnaissable à sa calandre un peu plus bombée, tandis que la berline de base est retirée du catalogue. Sur cette série, un nouveau carburateur Zenith 32 VIML3 est monté, ainsi que des freins de fabrication italienne SABIF à la place des Lockheed d’origine. La voiture étant un peu plus lourde (950 kg), la boîte de vitesses dispose de rapports mieux étagés. Cette configuration de l’Aprilia est produite pendant quelques années après la guerre, le dernier exemplaire quittant les chaînes de montage turinoises le 22 octobre 1948 pour laisser la place à l’Aurelia B10 qui lui succède à partir du mois de mars suivant. La production de l’Aprilia s’élève à 27 637 exemplaires (dont 7 555 châssis nus), parmi lesquels 14 704 exemplaires de la première série, auxquels il faut ajouter les 1 620 Ardennes, soit 29 257 unités au total.
La Lancia Aprilia tire son nom de celui d’une ville de la province de Latina bâtie en 1936 dans les marais pontins par le gouvernement mussolinien. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Le catalogue d’après-guerre de l’Aprilia est toujours riche d’élégants cabriolets comme cette version à quatre places réalisée par Pinin Farina en 1949. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
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