Comme c’est la tradition chez Lancia, une berline de milieu de gamme se doit de concilier une conception technique moderne, voire avant-gardiste, des performances notables et un haut niveau de confort. Avec la Flavia, le constructeur turinois atteint ces objectifs, même si sa carrosserie, spacieuse et fonctionnelle, présente quelques maladresses stylistiques qui seront vite oubliées grâce aux versions sportives signées par les plus grands carrossiers du moment.
Le dessin de la carrosserie de la première génération de la berline Flavia a parfois été jugé un peu lourd, même s’il présentait une personnalité originale. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Le rachat de Lancia en 1955 par l’industriel Carlo Pesenti s’accompagne de l’arrivée de l’ingénieur Antonio Fessia comme Directeur du Bureau d’études de la marque. Ce dernier est rapidement chargé d’étudier un modèle de gamme moyenne afin de combler le vide qui existe alors dans le catalogue du constructeur turinois entre l’imposante haut de gamme Flaminia lancée en 1957 et la petite populaire Appia datant de 1953. Avec l’appellation Flavia, on retrouve l’attachement de Lancia pour l’histoire de son pays, la via Flavia étant en effet l’une des fameuses voies de la Rome antique.
La première version de la Lancia Flavia Coupé, dessinée par Pininfarina en 1962, se distingue par sa calandre proéminente. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Une grande première technique
La Flavia débute ses essais routiers en 1957 et sa présentation officielle a lieu lors du 42e Salon de Turin en novembre 1960. Cette berline moyenne gamme reste dans une tradition de conception novatrice qui est propre à Lancia depuis ses débuts, mais elle fait cependant un grand pas technologique en adoptant pour la première fois la traction avant. Depuis ce modèle, l’ensemble des voitures produites par Lancia a adopté cette implantation mécanique résolument moderne. Pour autant, la traction avant n’était pas une réelle nouveauté pour le concepteur de la Flavia, l’Ingegnere Antonio Fessia, car ce dernier avait en fait ressorti de ses cartons les grandes lignes du prototype CEMSA Caproni F11 qu’il avait étudié en 1947. La première motorisation de la Flavia est un quatre cylindres opposés à plat (Flat) de 1 500 cm3 et 78 ch. Cette architecture restera la même jusqu’à la fin de la production de ce modèle, mais connaîtra plusieurs améliorations. Les plus notables étant l’arrivée du 1 800 cm3 et 92 ch en 1963 qui reçoit une injection Bosch Kugelfisher en 1965 avec une puissance de 102 ch, puis du 1 991 cm3 de 114 ch en 1969 (option injection de 126 ch la même année). En 1967, Lancia fête ses soixante ans d’existence et pour marquer l’évènement, toutes les versions luxe de la Flavia porteront le suffixe LX, le chiffre soixante en chiffres romains. Après le rachat définitif de Lancia par Fiat en 1969, la Flavia devient simplement la 2000, une appellation donnée par la cylindrée de son nouveau moteur de 1 991 cm3.
L’arrière du coupé 2+2 Pininfarina, particulièrement soigné, présente une ligne en pente douce qui vient mourir très bas sur le couvercle du coffre. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Des coupés et des cabriolets
Comme les précédentes Lancia, la nouvelle Flavia ne tarde pas à susciter l’intérêt des connaisseurs pour ses solutions techniques avancées. En revanche, avec ce modèle il leur est difficile de s’enthousiasmer pour sa silhouette quadrangulaire aux lignes jugées peu aérodynamiques... Si la Flavia ne manque indéniablement pas de personnalité, son dessin réalisé en interne par Piero Castagnero surprend toutefois la presse de l’époque. Principalement au niveau de sa massive calandre proéminente, avec doubles phares haut perchés, imposée par la disposition en porte-à-faux du moteur, ou encore de son arrière à pan coupé et ses flancs entièrement lisses. Une deuxième série voit le jour en 1967, avec une carrosserie aux lignes adoucies comprenant une calandre mieux intégrée. Dès 1962, Lancia décide de confier la conception d’un premier coupé à Pininfarina qui reprend les lignes réussies qu’il a précédemment dessinées pour la Ferrari 250 GTE 2+2. Plusieurs autres suivront au fil du temps, notamment un remarquable modèle Sport réalisé par Zagato de 1963 à 1967. Des versions cabriolet seront également créées sur la base de la Flavia, l’une des plus abouties étant celle réalisée par Vignale sur un dessin de Giovanni Michelotti en 1964. Tous ces modèles à carrosserie spéciale seront progressivement équipés des nouveaux moteurs installés sur la Berline. La production totale de la Flavia (incluant la version 2000) s’élève à 108 175 exemplaires de 1960 à 1974, avec 79 764 berlines (1960-1974), 26 810 coupés (1962-1973) dont 726 coupés sport Zagato (1963-1967) et 1 601 cabriolets (1963-1967). À noter que 72 exemplaires de la berline 1500 et 240 exemplaires de la berline 1800 seront construits sous licence en Afrique du Sud, dotés d’une conduite à droite. Par ailleurs, quelques carrosseries uniques verront le jour, comme le break réalisé par Touring en 1963 ou la limousine construite par Francis Lombardi pour succéder à l’Aurelia B15.
La planche de bord du coupé 1800 est à la fois efficace avec une instrumentation digne d’une sportive et raffinée avec son habillage en bois précieux. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Le moteur à quatre cylindres opposés à plat de la Flavia (ici une version 1800 à injection) est particulièrement compact, ce qui contraste avec la transmission, toute en longueur. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
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