31/05/2023
Une renaissance éphémère
Author : Rédaction : Albert Lallement
Read moreHormis la Beta Spider de 1974, qui possède une carrosserie de type Targa (coupé à toit rigide amovible), Lancia n’a pas produit de cabriolet depuis la Flavia Convertibile dont la production s’est arrêtée en 1967, après plus de 1600 exemplaires construits. La nouvelle Flavia II Cabriolet, qui n’est autre qu’une Chrysler 200 rebadgée, ne rencontre pourtant pas le succès commercial attendu, malgré son appellation historique prestigieuse. À l’automne 2013, la nouvelle Flavia est retirée du catalogue Lancia, après seulement quelques centaines d’exemplaires écoulés.
La Flavia II souffrira de son origine non européenne, qui ne la faisait pas entrer dans l’histoire de Lancia, un nom glorieux de l’automobile italienne. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Tandis que la position de Fiat est de plus en plus importante dans le capital du groupe Chrysler, l’histoire semble balbutier... Notamment quand on assiste chez Lancia au retour d’anciennes appellations qui ont fait le succès du constructeur turinois. Ainsi voit-on refleurir dans le catalogue de ce constructeur, à partir des années 2000, les noms de Flavia, Delta ou encore Kappa. Ces noms prestigieux n’ont pas d’autre but que de raviver la gloire passée de la marque fondée par Vincenzo Lancia en 1906.
La Flavia ne dispose que d’une seule motorisation essence 2.4 Litres de 173 ch ainsi que d’une teinte de carrosserie en série, avec peinture métallisée en option. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Un espoir venu d’Amérique
Depuis plusieurs décennies déjà, Lancia a en effet perdu son aura d’antan, victime des errances du Groupe Fiat qui n’a pas su préserver la glorieuse image de marque de ce constructeur qu’elle a absorbé en 1969. Durant la période difficile où elle est maintenue sous perfusion financière, Lancia s’attache cependant à garder son identité de constructeur possédant une tradition de bon goût et d’élégance à l’italienne. Ce qui ne sera pas sans difficultés, car la période de rachat progressif de Chrysler par Fiat conduit nécessairement à une unification des gammes des deux groupes. C’est donc sous la marque Lancia que sont désormais commercialisés en Europe plusieurs modèles du constructeur américain. Une situation transitoire qui perdure jusqu’à la fusion définitive des deux groupes conduisant à l’avènement de Fiat Chrysler Automobiles NV en 2014. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là qu’apparaissent des modèles réellement nouveaux chez les deux constructeurs. Dans l’entretemps, des voitures conçues exclusivement pour le marché américain, avec une image de marque bien spécifique, héritent simplement du logo Lancia sur leur calandre, comme c’est le cas pour la Chrysler 200. Logiquement, cette greffe réalisée dans l’urgence commerciale ne pouvait pas prendre.
La Flavia est le cabriolet le plus habitable du marché à l’époque. Deux grands adultes trouvent place facilement à l’arrière, tandis que le coffre offre une capacité de 198 litres en position découverte. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © © Lancia D.R.
Une promotion efficace
Après une présentation en tant que Concept Car au Salon de Genève en mars 2011, le cabriolet Flavia II est dévoilé sous sa forme définitive lors de l’édition suivante de l’incontournable salon suisse. Bien qu’il s’agisse d’une voiture de niche commerciale pour le groupe Fiat, la Lancia Flavia fait l’objet d’une promotion soutenue, avec en particulier deux importantes présentations à la presse. La première, plus technique, a lieu en mai 2012 à la soufflerie historique du Groupe Fiat à Orbassano, au sud de Turin, afin de mettre en évidence l’aérodynamisme de la carrosserie. La seconde, pour les photographes, se déroule au mois de juin suivant dans la ville sicilienne de Taormina. Par ailleurs, le cabriolet Lancia Flavia II a également été utilisé comme voiture officielle pour transporter les stars du grand écran lors de la 69e «Mostra de Venise», en septembre 2012. Prestige oblige, la Flavia mise à disposition pour l’occasion est une version luxueuse Red Carpet Show Car dotée d’une carrosserie d’un ton blanc perle habillée d’une inédite sellerie en cuir rouge (Pelle Frau Pieno Fiore) de chez Poltrona Frau, un sellier turinois de prestige qui collabore régulièrement avec Lancia depuis les années 1920.
La planche de bord de la Flavia est généreusement équipée, avec notamment un écran tactile qui regroupe les fonctions gérant le téléphone par Blutooth et la navigation GPS. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Dix-huit mois et puis s’en va...
Malgré ses qualités, ce modèle ne trouve pas son public, et encore moins celui des clients amateurs de la marque turinoise. L’objectif des ventes du service commercial de Lancia est de mille unités en 2012 et de deux mille l’année suivante. Pour son premier millésime, il est loin d’être atteint, avec seulement 218 voitures vendues en Italie (son principal marché) et 87 en France. Les ventes ne seront que de 225 exemplaires en 2013... Au cours de l’été 2013, Lancia a bien tenté de relancer les ventes en proposant une remise promotionnelle de 13 000 Euros qui mettait le prix de la Flavia aux environs de 24 900 Euros. Rien n’y fait, et à la fin de l’automne 2013, le cabriolet Flavia II quitte discrètement le catalogue de Lancia après à peine un an et demi de production. De nombreux facteurs ont pesé sur le manque d’engouement pour ce modèle, malgré un réel enthousiasme de la presse spécialisée lors de sa sortie. En premier lieu, son grand gabarit (près de 5 mètres) et une mécanique datant un peu, avec de plus l’absence d’une motorisation Diesel très prisée sur le marché européen. Mais le principal inconvénient invoqué par les puristes, c’est l’origine du modèle : un cabriolet Chrysler Sebring américain, lui-même issu d’une plate-forme japonaise, celle de la Mitsubishi Lancer. C’était finalement un contresens pour une marque aussi glorieuse et viscéralement italienne que Lancia et un nom historique comme celui de Flavia...
L’absence de toit rigide escamotable, qui était pourtant prévu initialement, est un argument qui a été reproché au cabriolet Flavia II. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
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