Lancia LC2

En 1979, après 25 ans d’absence en endurance, Lancia Corse était revenu en piste avec la Beta Montecarlo Turbo. Un retour triomphal puisque cette voiture remportait la catégorie Groupe 5 (moins de 2 Litres) du Championnat du Monde de Sports-Prototypes trois saisons consécutives. À partir de 1981, un important partenariat est signé avec le sponsor Martini Racing, qui se traduit immédiatement par le lancement de la barquette LC1 (pour Lancia Corse) de Groupe 6, puis de la LC2 de Groupe C l’année suivante.

Lorsque le nouveau règlement du Groupe C concocté par la FISA entre en application pour la saison 1982 du Championnat du Monde de Sports-Prototypes, la voiture que Lancia prévoit d’y aligner n’est encore qu’un projet loin d’être achevé. Fort heureusement, les instances sportives tolèrent l’engagement des anciennes Groupe 5 et 6 pendant encore une saison, afin de ne pas dégarnir les grilles de départ avec ce changement brusque. En revanche, les écuries courant dans ces catégories ne peuvent plus marquer de points au Championnat des Constructeurs et seuls les pilotes voient leurs classements comptabilisés en fin de saison. Cesare Fiorio, le directeur sportif de Lancia va exploiter cette clause du règlement sportif en demandant à l’ingénieur Giampaolo Dallara de lui concevoir une voiture répondant aux normes des anciennes catégories.

La devancière LC1

L’idée de Fiorio est de permettre à la Squadra Corse Lancia aux couleurs de Martini Racing de participer au Championnat des Conducteurs avec une bonne chance de le remporter et d’abandonner le titre des Constructeurs à Porsche qui avait une bonne longueur d’avance avec sa 956 de Groupe C. Le constructeur Dallara Automobili da Competizione, qui avait auparavant participé à la conception de la Stratos de rallye et de la précédente Beta Montecarlo Turbo, réalise le dessin d’un châssis en alliage léger. Il est habillé d’une carrosserie ouverte dont l’aérodynamique a été étudiée au sein de  la Soufflerie du Centre de recherche Fiat à Turin. Ce châssis constitue la base de la LC1, qui ne sera appelée ainsi, rétroactivement, qu’après le lancement de la future LC2. La Lancia LC1 reprend le 4 cylindres en ligne de 1 425,8 cm3 de la Beta Montecarlo de Groupe 5, mais en position longitudinale inclinée à 90°. Il développe 460 ch à 8 500 tr/mn et est accolé à une boîte Hewland TG 300 dérivée de la F1. Avec un poids de 640 kg, la Lancia LC2 est particulièrement avantagée par rapport à sa principale concurrente Porsche qui pèse 200 kg de plus. La voiture est agile et sa carrosserie à effet de sol inspirée de la F1 lui procure un avantage que la FISA ne voit pas d’un bon œil... Mais contre toute attente, malgré une conception parfaite, la voiture manque singulièrement d’endurance et sur les 17 courses auxquelles elle participe, elle n’en termine que 7, avec toutefois la satisfaction de 3 victoires et une 2e place pour Riccardo Patrese au fameux  Championnat des Pilotes.

Un châssis Dallara 

Tirant les leçons de la saison 1982, Cesare Fiorio décide de partir d’une feuille blanche pour la nouvelle Lancia LC2 alignée en Groupe C. Il en confie à nouveau la conception du châssis à Dallara, qui est cette fois-ci épaulé par Abarth, un autre collaborateur historique de la Squadra Corse. Le châssis monocoque qui est constitué de panneaux en aluminium allégé est habillé d’une inédite carrosserie en Kevlar et fibres de carbone. Il fallait trouver un nouveau moteur répondant aux normes de consommation exigeantes du Groupe C et c’est Ferrari qui est mis à contribution en fournissant le V8 de 3 Litres de la 308 GTBi «Quatra Valvole», sur lequel est monté un double turbocompresseur KKK. La puissance qui est de 650 ch en course, avec les limitations de consommation imposées, dépasse les 800 ch lors des essais où la consommation est libre. Jusque fin 1984, la boîte de vitesses utilisée est une Hewland VG200 qui est ensuite remplacé par une boîte à carter Abarth et pignonnerie Hewland. Avec les pneumatiques, la transmission sera l’un des points faibles de la Lancia LC2 durant ses trois saisons en Championnat du Monde (plus deux courses début 1986). La voiture ne remporte que 3 victoires avant de se retirer, laissant Lancia se concentrer sur son activité en rallye avec la Rally 037. Si ses résultats n’ont pas toujours été au rendez-vous, la Lancia LC2 a toutefois eu le mérite de donner la réplique à l’invincible armada Porsche et ce, avec panache !