Designer privilégié de Ferrari depuis 1952 ainsi que de nombreux autres constructeurs comme Peugeot, Pininfarina a de tout temps eu la volonté de réaliser des carrosseries pour des voitures sportives radicales à un prix restant relativement abordable. Gian-Battista Pinin Farina, le fondateur, aimait à dire à propos de son travail : «Notre style est synonyme de sens des proportions, de simplicité et d’harmonie des lignes, de sorte qu’après une très longue période, cela reste quelque chose de plus vivant qu’un simple souvenir de la beauté.»
Malgré une production semi-industrielle, les modèles conçus par Pinin Farina sont présentés comme des véhicules de luxe, comme ici ce coupé Lancia Aurelia de 1953. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Lancia D.R.
Lorsque la Carrozzeria Pinin Farina est créée en 1930, Gian-Battista a tout d’abord l’ambition de réaliser des carrosseries sur mesure pour des clients fortunés, à l’instar de la plupart de ses concurrents à l’époque. Mais son projet le plus cher est déjà de construire des petites séries plutôt que des véhicules à l’unité. Selon lui, en effet, une voiture parfaite devait être produite en quantité afin d’amortir les coûts d’un prototype. L’idée qui restera comme une devise étant de réaliser «une voiture unique en son genre pour plusieurs clients»... Et de fait, Pininfarina a été un incontestable précurseur parmi les carrossiers italiens et européens en arrêtant de faire de la mode et en décidant de produire des automobiles à une échelle industrielle, grâce notamment à des partenariats avec de grands constructeurs.
La Ferrari F40 de 1987 est l’une des plus éblouissantes carrosseries signées par Pininfarina et une illustration de sa longue et riche collaboration avec Maranello. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Archives & Collections / D.R.
Un pilier de la carrosserie italienne
La saga Pininfarina commence bien avant la création de l’entreprise de design avec les «Stabilimenti Industriali Giovanni Farina» fondés en 1906 à Turin. Avec son frère Gian-Battista, Giovanni réalise des carrosseries pour des constructeurs tels que De Dion-Bouton, Lancia ou encore Peugeot (déjà). Des futurs grands du design y feront leurs classes : Felice Boano, Alfredo Vignale et Pietro Frua, entre autres. Le 22 mai 1930, Gian-Battista Pinin Farina s’associe à Giovanni Battista Devalle, Gaspare Bona Pietro Monateri, Arrigo De Angeli et Vincenzo Lancia pour fonder la «Società anonima Carrozzeria Pinin Farina» au 107, Corso Trapani à Turin. Avant la guerre, l’activité de l’entreprise est surtout axée sur l’étude et la fabrication d’éléments pour Lancia, Alfa Romeo, Fiat, Hispano Suiza et même Rolls-Royce. Gian-Battista est autodidacte, mais il a cependant l’intuition que les carrosseries aux lignes courbes qu’il affectionne tant ont une influence sur le comportement aérodynamique des voitures. Un principe qui s’illustre parfaitement dans les coupés «Aerodinamica» développés sur châssis de Lancia Aprilia à partir de 1936. Ce style particulier sera adopté pour la plupart des carrosseries signées Pinin Farina avant la guerre. Citons quelques modèles marquants comme la Lancia Astura cabriolet et la Fiat 2800 de 1938 ou l’Alfa Romeo 6C 2500 SS cabriolet sport de 1939.
Le fameux “F” pour Farina, le nom d’origine du fondateur, orne encore aujourd’hui les carrosseries de voitures dessinées par Pininfarina. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Archives & Collections / D.R.
L’essor de l’après-guerre
La guerre met provisoirement un terme à l’activité de l’entreprise qui se retrouve fauchée en pleine ascension. Ses locaux turinois sont réquisitionnés pour l’effort de guerre, puis détruits. Dès 1946, Pinin Farina reprend sa trajectoire vers l’industrialisation en réalisant des partenariats avec des constructeurs tels les américains Nash, Dodge et General Motors. En Europe, les collaborations les plus marquantes sont celles avec les marques Peugeot, avec la 403 de 1955, mais surtout Ferrari avec laquelle il entretient un lien privilégié encore aujourd’hui. Sergio Pininfarina réussira même à convaincre le Commendatore d’adopter le moteur central arrière pour le prototype de la Dino 206 GT de 1965 ! Entretemps, Pinin Farina est progressivement passé à la production en petite série, notamment à partir de l’Alfa Romeo Giulietta Spider dont 4 000 exemplaires sont construits en 1959. Pour développer son activité, une nouvelle usine est construite sur le site de Grugliasco dans la banlieue de Turin en 1957, puis sur celui de San Giorgio Canavese en 1986 où sera notamment construite la Peugeot 406 coupé. L’essor de Pininfarina est si important qu’en 1986 l’entreprise est cotée à la bourse de Milan. La progression continue grâce au partenariat avec Mitsubishi en 1999 et le rachat de Matra Automobile Engineering en 2003. Fin 2015, plusieurs revers économiques aboutissent au rachat de Pininfarina Spa par le constructeur automobile indien Mahindra.
Malgré une production semi-industrielle, les modèles conçus par Pinin Farina sont présentés comme des véhicules de luxe, comme ici ce coupé Lancia Aurelia de 1953. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Archives & Collections /D.R.
Dès 1972, Pininfarina est l’un des rares designers à disposer d’une soufflerie aérodynamique à l’échelle 1/1. Ici l’étude de la Ferrari Testarossa de 1984. © IXO Collections SAS - Tous droits réservés. Crédits photo © Archives & Collections /D.R.
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