Porsche au Mans

Depuis la création de son premier modèle en 1948, Porsche a voulu donner à ses voitures un esprit sportif directement issu de l’expérience de la course. Ainsi, dès ses débuts aux 24 Heures du Mans trois ans plus tard, Porsche a déjà parfaitement intégré cette philosophie industrielle à l’ensemble de sa production. Comme l’expliquera Ferry Porsche dans son autobiographie publiée en 1989 «J’ai toujours été persuadé que le sport automobile préfigure réellement les innovations...»

L’histoire du constructeur bavarois est de fait indéfectiblement liée à celle de la plus célèbre course au Monde. Pourtant, quand Porsche aligne l’une de ses voitures pour la première fois aux 24 Heures du Mans en 1951, elle n’est encore qu’une petite marque débutante qui ignore quel destin fabuleux va lui réserver cette épreuve. Et effectivement, à la suite de cette première expérience sur le circuit manceau, il n’y aura pas un seul modèle de la gamme Porsche qui ne participera pas au moins une fois à cette course éprouvante. 

Une progression régulière   

C’est en 1951 que l’on remarque pour la première fois la présence de Porsche dans les stands du Mans. Une seule voiture est alignée par l’usine et confiée à Auguste Veuillet, l’importateur français de la marque, et Edmond Mouche. Ce galop d’essai est honorable puisqu’il se termine par une 20e place et une victoire en classe 751 à 1 100 cm3. À partir de là, il y aura toujours au moins une Porsche, d’usine ou privée, au départ de cette épreuve. L’idée est que les clients de Porsche voient régulièrement les modèles de leur marque favorite réaliser des exploits sur les circuits. Et au Mans ils ne seront jamais déçus ! Car les 24 Heures du Mans sont un formidable laboratoire technologique que Porsche saura exploiter par le biais de son Centre de Recherche et Développement basé à Weissach. Au fil de ses participations dans la Sarthe, Porsche se rapproche régulièrement de la plus haute marche du podium : Indice de Performance et Coupe biennale en 1955 (Type 550), 3e au général en 1958 (Type 718 RSK), puis 2e dix ans plus tard (Type 907/8).

Le goût de la victoire    

La première victoire est remportée en 1970 par Hans Herrmann et Richard Attwood au volant d’une 917 L alignée par Porsche System Engineering. Cette année-là, Porsche met un terme aux quatre victoires consécutives de Ford depuis 1966. Après un duel acharné sous des trombes d’eau, Porsche remporte magistralement l’épreuve, ainsi que le meilleur tour en course. Comme un signe du destin, c’est Ferry Porsche en personne qui a donné le départ de cette 38e édition... En 1971, c’est une véritable armada bavaroise qui occupe les stands avec pas moins de trente-trois Porsche alignées. Cette année-là, le constructeur de Zuffenhausen réalise un doublé à travers deux écuries distinctes : Martini Racing Team (Helmut Marko et Gijs Van Lennep victorieux sur 917 K) et John Wyer Automotive, arrivée 2e. En plus de la victoire au classement général, Porsche s’adjuge l’Indice de Performance et pulvérise le record de la distance avec 5 335,313 km parcourus en vingt-quatre heures. Il faudra attendre l’édition de 2010 pour qu’il soit battu, par une Audi !

La décade prodigieuse   

Après les victoires de Matra, de 1972 à 1974, Porsche s’impose à dix reprises jusqu’en 1987, d’abord avec les type 936 du Martini Racing en 1976 et 1977, puis en 1979 avec la type 935 K3 de l’écurie Kremer. S’en suit une marche triomphale de sept victoires consécutives à partir de 1981, grâce aux formidables machines de course conçues par l’ingénieur Norbert Singer. Tout comme la Porsche 917 a été la voiture à battre au début des années 1970, les 956 et 962 C dominent à leur tour les années 1980 aux mains de pilotes expérimentés tels que Jacky Ickx et Derek Bell qui remportent chacun quatre victoires sur Porsche, dont deux ensemble (1981 et 1982). Porsche ne retrouve ensuite le succès qu’en 1994 avec la 962 GT-LM préparée par Dauer pour Joest Racing en catégorie GT1. Cette écurie privée fondée par Reinhold Joest en 1978 apporte à la firme allemande deux nouvelles victoires en 1996 et 1997 avec les barquettes WSC-95 conçues par Tom Walkinshaw. Pour l’édition suivante, Porsche AG change radicalement de monture avec une 911 GT1 qui lui offre une 16e victoire au Mans. Seize années plus tard, Porsche Team rompt la longue suprématie d’Audi avec sa nouvelle 919 Hybrid engagée en LMP1, en prenant les trois premières places du classement. Une victoire qu’elle remportera avec la même monture au cours des deux éditions suivantes.